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La peur, un sentiment que je connais bien. Avec ses classiques: peur de la souffrance, de la mort, de l’imprévu. Les peurs ordinaires de la vie. Paradoxalement, ces peurs ne m’angoissent pas outre mesure… Il existe chez moi une peur encore plus grande que celles-ci: celle de ne pas y arriver, de ne pas pouvoir atteindre certains objectifs que je me suis fixés. Je ressens cette peur tout particulièrement pour notre humanité, une peur diffuse et insidieuse que nous, les humains, n’arriverons pas à nous sauver de la situation inextricable dans laquelle nous nous sommes mis nous-mêmes comme espèce.
Quand je lis ou regarde les médias, j’entrevois toutefois des propositions de solutions. Les rubriques économiques ont des solutions… économiques. Les articles écologiques ont des solutions… écologiques. Les techniciens ont des solutions… techniques. Je devrais être rassuré. Chacun a raison… dans et pour son domaine propre!
Mais quand j’essaie de mettre toutes ces solutions ensemble, de relever le défi global que notre monde doit affronter pour assurer son avenir collectif, la peur me saisit à nouveau. Plus rien ne va. Les pièces à assembler ne semblent pas venir du même puzzle. Tout semble incompatible. Les intérêts semblent divergents à l’extrême. Les Etats, les populations, les entreprises, les individus ont des besoins et surtout des désirs qu’aucune ressource disponible ne peut satisfaire. Les égoïsmes se heurtent aux urgences. Celui qui a ne veut pas partager et celui qui n’a pas rêve de ce que l’autre possède. Mais la somme de ces désirs et même la simple justice dépassent largement les capacités de la planète. En émettant du CO2 et bien des polluants, l’on arriverait à maintenir la plupart des crises sociales et économiques pour quelque temps mais on entraînera la planète vers sa ruine.
Qui aura la capacité de s’attaquer aux défis de la planète? Près de deux cents chefs d’Etat venus signer en flottilles d’avions un accord sur le climat et qui, dès leur retour, continueront à vendre des armes, à exploiter la planète et creuser des tunnels, soumis qu’ils sont à des réalités et des structures plus fortes qu’eux? Un sentiment d’impuissance vient alors renforcer ma peur. Les capacités personnelles et individuelles me paraissent dérisoires. Qui aura l’envergure d’une vue d’ensemble et surtout les moyens d’agir? Je l’ignore. Si j’avais une solution, mes petites peurs personnelles reprendraient le dessus et je m’en satisferais largement.
Jean-Jacques Beljean, pasteur, ancien président du Conseil synodal de l’EREN, Colombier