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Décembre 2008
La Déclaration universelle des droits de l’Homme a 60 ans
Auteur : Alfred de Zayas

Tout progrès dans la mise en œuvre des droits humains donne l’occasion de célébrer la dignité et la solidarité humaine. C’est un défi pour tous de redoubler d’efforts car la promesse n’a été tenue que partiellement et une grande déception nous préoccupe: la violation des droits humaines est partout dans le monde – la guerre, l’impunité, la torture, la détention arbitraire, la discrimination, l’exploitation, le trafic des personnes, la pauvreté extrême, la famine.

Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Article 2 de la DUDH

La codification des droits humains par les Nations Unies est peut-être le chapitre le plus exaltant du 20e siècle. Déjà la Société des Nations avait prononcé les droits pour les minorités et établi un système de pétitions utilisé par les minorités. Depuis 1919 l’Organisation internationale du Travail a défini les normes de la justice sociale. Sa maxime reconnaît le lien entre la paix et la justice, «si vis pacem cole justitiam»: si on veut la paix, il faut cultiver la justice.

En 1948, après le cataclysme de la Deuxième Guerre mondiale et un jour avant la proclamation de la DUDH, les Nations Unies ont adopté la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Ces deux instruments constituent un pas considérable vers le développement d’une culture des droits humains. Grâce à la DUDH, des dizaines de conventions et de déclarations suivirent, couvrant presque tous les domaines des droits humains. Pourtant il reste encore une codification à faire, notamment sur le droit à l’identité, le droit au foyer, le droit à la paix.

Les normes internationales ont été accompagnées par l’adoption de nouvelles normes régionales, ensuite par la création d’organes universels et régionaux tels que le Conseil des droits de l’homme, le Comité des droits économiques, sociaux et culturels, le Comité des droits des travailleurs migrants, les Cours européenne, interaméricaine et africaine. On constate un certain succès: la décolonisation, la fin de l’Apartheid, l’abolition de la peine de mort dans de nombreux Etats, l’amélioration de la protection des droits des femmes, des enfants, des peuples autochtones, etc. Grâce à la DUDH, un vaste système de promotion et protection des droits humains est opérationnel. Il y a des commissions nationales des droits humains, la fonction de l’ombudsman, des centaines d’ONG. La société civile s’engage.

Pourtant, on peut imaginer une nouvelle approche aux droits humains, une nouvelle hiérarchie. Même si de nombreux experts parlent toujours des droits de la première génération (civils et politiques), de la deuxième génération (économiques, sociaux et culturels), de la troisième génération (développement, environnement, paix), on devrait écarter ces catégories artificielles, qui donnent lieu à la fausse impression que les droits de la soi disant première génération sont les vrais, tandis que l’on pourrait nettement ignorer les droits de la troisième génération. Bien sûr, nous savons que les droits humains sont interdépendants, mais nous pourrions concevoir un paradigme fonctionnel – visant d’abord les droits tels que la paix, qui nous permettent d’exercer les autres droits. On pourrait postuler les droits passe-partout tels que le droit à l’égalité, le droit à ne pas être soumis à l’arbitraire, et identifier les droits ultimes, c’est-à-dire les droits pour lesquels nous exerçons les autres droits.

Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre toute provocation à une telle discrimination.
Article 7 de la DUDH

Nous devons réfléchir à nos obligations individuelles et collectives – pas seulement à nos droits. Toujours d’actualité, l’article 29 de la DUDH: «L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le libre et plein développement de sa personnalité est possible». Dans ce sens la Déclaration du millénaire adoptée par les Nations Unies en septembre 2000 consolide le consensus sur la primauté des droits humains et fixe des objectifs, des obligations et des délais déterminés. Ainsi les objectifs internationaux de développement (OID) définissent les principaux éléments du programme mondial pour le XXIe siècle. Voilà déjà l’ébauche d’une nouvelle déclaration, une autre est en train d’être élaborée par l’Université de Berkeley pour le centenaire de la DUDH, dont le Projet 2048 prévoit l’inclusion du droit à la protection de l’environnement.

Plus qu’une nouvelle déclaration, ce dont nous avons besoin est la volonté d’œuvrer pour la réalisation des droits humains et de la paix. Il s’agit de continuer l’effort quotidien pour un monde plus juste, plus heureux. Pour cela il faut promouvoir l’éducation afin de créer une culture des droits humains où chacun connaît ses droits et sait comment les défendre. Il s’agit de former une société plus solidaire dans l’esprit de Friedrich Schiller dans son Ode à la Joie : « qu’ils s’enlacent tous les êtres ! Un baiser au monde entier ! ».

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