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Août 2008
Le phénomène de la maltraitance familiale
Auteur : Mousse Boulanger

Toutes les indications contenues dans cet article nous ont été fournies par Solidarité Femmes Genève. Il s’agit d’un centre qui oeuvre depuis plusieurs années à la reconstruction d’êtres brisés par la maltraitance. Il en existe plusieurs formes, l’une et l’autre tout aussi perverses et destructrices.

La maltraitance ou violence verbale et psychologique. Elle consiste à diminuer, humilier l’autre. Des insultes, des propos méprisants, un rabaissement général, des menaces, une ironie monstrueuse, finissent par persuader la victime de sa nullité. Elle se réfugie dans l’isolement, la dépendance et devient le jouet d’une perversion qui peu à peu engendre d’autres maltraitances. La plupart du temps c’est l’homme qui exerce cette forme de domination. Un phénomène assez nouveau, et qui est sans aucun doute le retour des choses, c’est la dégradation psychique pratiquée par un petit nombre de femmes sur leur compagnon. J’ai connu le cas de l’épouse d’un vendeur. Au début le grand amour la remplissait de joie et peu à peu elle s’est mise à mépriser le métier de son mari «un petit vendeur». A force de répéter et de cracher son dédain, l’homme parvenait à peine à se tenir debout. Il a fallu la séparation et de longues années pour qu’il accepte, à nouveau, d’être un être humain. On imagine ce que cela représente pour une mère de famille abaissée à moins que rien devant ses enfants. On passe à la maltraitance sexuelle dont les femmes ont honte de parler. Le but est de dominer par des actes, des comportements, des contraintes contraire à la volonté de la victime. Le harcèlement et la brutalité sont exercés en permanence.

La maltraitance physique ne tarde pas à se manifester, toujours dans un but de domination. Les coups, les blessures, les brûlures, les fractures, l’étranglement, rien n’arrête la fureur du bourreau, même pas les cris et pleurs de ses enfants. On sait, on le lit quasiment quotidiennement dans les journaux, l’homicide avec ou sans arme, peut suivre la séquestration, la mutilation, toute autre lésion.

Enfin il ne faut pas omettre la maltraitance économique qui peut avoir divers aspects. Interdiction de travailler afin de dépendre financièrement totalement du conjoint ou alors exploitation, confiscation du salaire, privation de ressources pour subvenir aux frais du ménage.

Il y a toujours chez la personne qui agresse l’intention de domination, de puissance, alors que chez la victime naît un sentiment de contrainte et de peur. On constate une atteinte importante à la santé, qu’elle soit physique ou psychique. L’homme aimant, qu’on aime peut-être encore, devient l’agresseur. La victime finit par se croire coupable, fautive, indigne.

Dans ce climat de tension et de peur, les enfants souffrent en silence, ils ne veulent pas révéler ce terrible secret familial qu’est la brutalité du père. Ils cherchent à défendre leur mère et vont jusqu’à prendre la place d’un adulte qui pourrait exercer une protection.

On est bien loin d’avoir fait le tour de cette terrible problématique. Un centre comme Solidarité Femmes Genève s’est attaché à offrir une prise en charge globale, il a intégré la dimension de la relation mère-enfant. Les femmes peuvent être accueillies avec leurs petits, elles sont encouragées dans leur rôle parental de soins, d’éducation et de protection. Parviendra-t-on un jour à faire baisser le taux de 20% de femmes vivant ou ayant vécu en couple, qui ont subit des maltraitances physiques, sexuelles, de la part de leur partenaire? Quant aux maltraitances verbales et psychiques, elle représente le 40%, cela dans notre belle et paisible Suisse.

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