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Août 2015
Trop riches, trop pauvres
Auteur : Collectif

Le capitalisme mondial, qu’on peut aussi appeler la mondialisation, engendre de multiples méfaits à travers le monde. Ce système est la cause principale de la pauvreté qui règne dans notre pays et aux quatre coins de la planète. Dans un ouvrage intitulé Trop riches, trop pauvres, une équipe pluridisciplinaire, sous les auspices de l’association Cotmec (Commission tiers-monde de l’Eglise catholique), fait le tour de la question à travers huit thèmes: alimentation, travail, logement et transport, santé et éducation, économie, finances, inégalités, environnement. Plutôt que de faire un résumé de ce livre, l’essor a choisi de relever un certain nombre de constats qui montrent hélas que l’économie passe avant l’humain, le social et le politique.

Économie de marché

Constats – Principales caractéristiques du système capitaliste: le marché comme mode privilégié de régulation des échanges, la propriété privé des biens et des moyens de production, le salariat comme relation de travail principale, le profit (pour dégager des surplus finançant de nouveaux investissements et rémunérer les actionnaires), une confiance absolue dans le progrès technique. Les correctifs apportés par la mise en place d’une fiscalité redistributive sont réduits, dès les années 1980, par une politique néolibérale qui promeut la libéralisation des échanges, la diminution du rôle de l’Etat dans ses fonctions de régulation et de distribution des richesses, la financiarisation et la dérégulation, la primauté de l’individu sur le collectif et le politique. Conséquences – La remise en cause des politiques de redistribution et du secteur public accroît les inégalités. Le phénomène est renforcé par une baisse de la fiscalité des grandes entreprises et des ménages les plus aisés. Le profit devient une fin et non un moyen; les grandes entreprises ont pour but premier de produire de la valeur pour les actionnaires et non de créer des objets ou des services répondant aux besoins des populations.

Priorité au luxe

Constats – On assiste à l’explosion d’une consommation de luxe rendue possible par les très hauts salaires et les revenus du patrimoine. Le bénéfice de LVMH (Louis Vuitton, Givenchy, Dior, champagne Ruinart, Moët & Chandon) a ainsi bondi de 73% en 2010. Le secteur des loisirs explose: parcs d’attractions, tourisme lointain, croisières, divertissements absorbent une part croissante du budget des ménages. Conséquences – Des besoins de base d’une grande partie de la population mondiale ne sont pas satisfaits. On prétend que les moyens manquent, alors que ceux-ci sont attribués en priorité à la satisfaction des désirs des plus aisés. Le luxe devient une «machine à rêver» qui permet d’afficher un statut social: on se prive de l’essentiel pour s’offrir un article de marque. Luxe et misère se côtoient.

Paradis fiscaux

Constats – Le paradis fiscal est souvent un petit pays, ou une île, qui tire une partie de sa richesse de sa capacité à abriter de l’argent provenant de l’étranger en le dissimulant au pays où le contribuable est domicilié. Non seulement les grosses fortunes de particuliers se cachent dans les paradis fiscaux, mais les multinationales y pratiquent «l’optimisation fiscale» en y transférant leurs bénéfices. Conséquences – En 2013, au moins 18.500 milliards de dollars seraient cachés par des particuliers dans des paradis fiscaux dans le monde, alors que 66 milliards de dollars suffiraient pour éradiquer l’extrême pauvreté. L’argent caché par les individus représenterait une perte de 156 milliards de recettes fiscales. Pour sa part, l’optimisation fiscale coûterait chaque année 160 milliards de dollars aux Etats du continent africain. C’est autant d’argent qui manque aux gouvernements pour financier l’éducation, la santé, les infrastructures publiques.

Évasion fiscale et forfaits fiscaux

Constats – La baisse des impôts sur le revenu et la fortune est souvent compensée par des hausses de la TVA. Cet impôt touche toutes les catégories sociales de la même manière: il est donc inégalitaire. Les pays où le taux de pauvreté est le plus bas sont aussi ceux dont les prélèvements obligatoires sont les plus élevés, par exemple les pays scandinaves. Conséquences – Evasion fiscale et forfaits fiscaux privent les Etats d’une partie de leurs revenus. La baisse des impôts contribue à augmenter les déficits de la dette publique. Le manque de rentrées fiscales conduit à une diminution des prestations dans les domaines de la santé, de l’éducation, de la construction d’infrastructures, de la protection de l’environnement, prestations qui bénéficient à tous.

L’économie sociale et solidaire

Que faire pour produire «autrement», entreprendre «autrement», gérer «autrement» et consommer «autrement»? L’économie sociale et solidaire (ESS) est une réalité qui se manifeste à travers une richesse d’initiatives qui intègrent tout au long de la chaîne de production, distribution, échange et consommation, des critères éthiques, sociaux et écologiques.

Bien qu’il existe différentes approches et définitions à travers le monde, en fonction du contexte local, national ou régional où elle s’inscrit, l’ESS intègre un certain nombre de valeurs et de principes communs:

Rédacteurs: Hélène Bourban, Sophie de Rivaz, Martyna Olivet, Michel Bavarel, Edouard Dommen, Claude Fol, Gilbert Rist.

Éditeurs: Éditions d’en bas et Association Cotmec

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