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Avril 2013
La chasse au scoop est permanente
Auteur : Mousse Boulanger

Selon le Larousse en couleurs, la définition du mot «scoop» est le suivant: mot anglais, information importante ou sensationnelle donnée en exclusivité par une agence de presse ou un journaliste

Le premier but du scoop est d'informer évidemment, de donner vie à un événement qui peut changer le cours de notre histoire à nous, lecteurs, lectrices. Mais, on sent tout de suite que bien d'autres raisons viennent se greffer sur l'idée d'informer. La chasse au scoop est permanente, quotidienne. Elle est si rapide que, de nos jours, on n'a plus guère le temps, ni même la volonté de vérifier l'authenticité du scoop. Le nombre d'exemplaires pouvant être vendus entre immédiatement en première ligne de rentabilité. La renommée du journaliste qui signe le scoop peut devenir brusquement planétaire et donc sa vie se transformer au même titre que ses finances. On voit bien que l'argent entre dans le jeu de l'information et que par attractivité du gain on est vite tenté de créer le scoop, de le fabriquer afin de donner au journal et à ses artisans des chances de faire éclater sa renommée, ses résultats financiers.

Annoncer, sans en référer à l'intéressée, la grossesse d'une star ou d'une princesse, est devenu chose courante, peu importe si dans les jours qui suivent les personnes mises en cause lancent un démenti péremptoire. Pire et plus pervers, on annonce l'exécution d'un certain nombre d'otages. L'information passe à la télévision, dans toute la presse, mais le lendemain les gouvernements impliqués démentent avec fausses preuves à l'appui. Mais, la rumeur est lancée et elle plonge des familles dans le désespoir, des pays dans la discrimination mondiale, et les médias s'astreignent à maintenir et augmenter leur pouvoir délétère. Alors que l'éthique du journaliste est en réalité d'une grande noblesse, la violence dans laquelle nous sommes plongés depuis de nombreuses années, déchire les sentiments les plus respectables, effrite les règles de vérité, d'indépendance, de courage, d'investigation qui régissent, devraient régir, la belle vocation du journalisme.

Christian Campiche, rédacteur en chef du Magazine des médias, n° 1 de 2013: écrit: «En 1976 déjà, Maurice Chappaz dénonçait dans son livre Les Maquereaux des cimes blanches l'aplaventrisme des journaux face aux notaires et magistrats impliqués dans le bradage du territoire valaisan.»

Aujourd'hui, un état de crise mondiale semble légitimer les scoops les plus tapageurs afin de donner la pâture quotidienne à un lectorat abruti par la surabondance d'annonces, de publicités, de récits racoleurs, et en même temps il existe encore des pays où la censure est si impérieuse que les peuples sont maintenus dans l'ignorance afin de mieux les soumettre à des régimes de dictature.

Le sujet est si complexe qu'il faudrait avoir recours aux plus grands philosophes pour ne pas en sortir totalement déboussolé. Et pourtant, chaque jour, je passe des heures et des heures à tenter de m'informer.

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