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Août 2012
Cachez cet argent que l’on ne saurait voir
Auteur : Attac

Une étude destinée à calculer les montants cachés par les paradis fiscaux a été publiée par le groupe Tax Justice Network. Les actifs financiers dissimulés dans ses «super niches» ont été évalués entre 21’000 et 32’000 milliards de dollars. L’enquête ne prend pas en compte les actifs non financiers (or, biens immobiliers…). Cette étude estime à 280 milliards de dollars le manque à gagner pour les États en termes de revenus fiscaux.

L’ancien économiste James Henry, chef du cabinet McKinsey qui a dirigé l’étude, a utilisé les chiffres référencés par la Banque Mondiale, des Nations Unies, des banques centrales et du Fonds Monétaire International. James Henry a également déclaré que ce montant était considéré comme un «énorme trou noir dans l’économie mondiale». Il a tout de même expliqué à la BBC que cette «étude est aussi une bonne nouvelle. Le monde dispose ainsi d’une importante réserve qui pourrait un jour résoudre certains de nos problèmes». Un peu d’ironie ne saurait nuire!

Il ressort de l’étude que l’UBS et le Crédit suisse occupent les deux premières places dans la gestion de la fortune des ultra-riches de la planète avec une masse sous gestion de 2’700 milliards de dollars.

Des pratiques illégales généralisées

Les affaires et les révélations se multiplient et le doute n’est plus possible. Les banques suisses pratiquent l’aide à la fraude fiscale de manière généralisée et systématique. Or il s’agit de pratiques illégales selon les lois des pays étrangers et de l’Union européenne. Les médias suisses se sont bien gardés jusqu’ici d’en informer le bon peuple. Il était indispensable en effet que celui-ci puisse continuer à s’identifier à ses banques et à croire qu’elles étaient attaquées injustement, en particulier par le puissant et méchant ami américain.

Carlo Lombardini, avocat au barreau de Genève, le dit en termes choisis (LT, 6.2.12): «… l’intermédiaire financier suisse court d’ores et déjà des risques importants en acceptant des avoirs non déclarés aux autorités fiscales compétentes et ce, alors même qu’il ne viole aucune norme de droit suisse». On a la confirmation ici, pour ceux qui ne le savaient pas encore, que la loi suisse est tout à fait adaptée à la défense des banquiers.

Ces «risques importants», ce sont des poursuites pénales et la prison. Si l’on se rappelle que le 60% environ des avoirs placés dans les banques suisses ne sont pas déclarés, on est obligé de conclure que la très grande majorité des gérants de fortune, des avocats et des fiscalistes qui conseillent les riches clients étrangers devraient être derrière les barreaux. Le seul qui s’y trouve, mais plus pour très longtemps, est celui par qui le scandale UBS a éclaté aux États-Unis, Bradley Birkenfeld. Les principales craintes des banques ne sont donc pas les attaques contre le secret bancaire, mais bien les poursuites pénales contre leurs collaborateurs. Elles ont raison de craindre… et on ne va pas les plaindre.

Selon attac (Gérald Mermet)
www.suisse.attac.org

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