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Août 2012
Les enfants terribles de la finance…
Auteur : Canisius Oberson

Le travail est le moyen d’obtenir les ressources nécessaires à la vie, en premier lieu la nourriture. Autrefois cueilleurs, nos ancêtres sont devenus cultivateurs, un progrès qui fit d’eux les jardiniers de la terre.

Ces cultivateurs n’avaient rien des agneaux qu’ils se sont mis à apprivoiser et à élever. Déjà le pré du voisin et son bétail devenaient objet de convoitise, d’où des guerres incessantes.

C’est ainsi que la recherche de la richesse hante l’humanité depuis la nuit des temps. Elle se veut sans doute, sans que nous en soyons conscients, un rempart contre l’angoisse de notre finitude et de la mort. La course à la richesse va d’ailleurs de pair avec la course à la sécurité, ce qui est particulièrement flagrant de nos jours. Les compagnies d’assurances le savent.

Au fur et à mesure que notre monde se rétrécit, entre autres par les moyens de communication et les nouvelles technologies, nous prenons conscience que, comme nous, notre bonne vieille terre n’est pas dotée de ressources infinies. Mon hypothèse consiste alors à dire qu’en ce qui concerne la finance, les investisseurs et spéculateurs sont comme des enfants (mais loin de l’innocence…) devant un gâteau à partager. A moi la plus grande part! D’où une démesure… toute enfantine, mais aussi cynique, pour s’emparer du maximum de richesses. Alors tous les stratagèmes sont bons, montages financiers obscurs, produits dérivés, subprimes. Une addiction au jeu de l’argent. Pourvu que j’accumule! Les autres, ceux qui n’ont plus que les miettes? C’est pas mon problème! Voici le règne du cynisme couleur capitalisme néolibéral.

Où ce cynisme conduira-t-il le monde? Je ne suis pas Madame Soleil pour le dire. Mon espoir, c’est que les enfants terribles deviendront un jour des adultes, par exemple en méditant ceci: «Insensé (c’est-à-dire: tu mènes une vie qui n’a pas de sens), cette nuit même on te redemande ta vie, et ce que tu as amassé, qui donc l’aura?» (Evangile de Luc, 12, 20).

Finalement, se trouvera-t-il un adulte, des gouvernements, pour appeler les enfants à la raison et édicter quelques règles du jeu, avant qu’il ne devienne définitivement un jeu de massacre des peuples et des démocraties?

Canisius Oberson
Prêtre, Saint-Aubin-Sauges

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