Logo Journal L'Essor
2024 2023 2022 2021 2020 2019 2018
2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011
2010 2009 2008 2007 2006 + 100 ans d'archives !
Rechercher un seul mot dans les articles :
Article suivant Numéro suivant
Numéro précédent Article précédent   index de ce numéro

Août 2012
L‘égoïsme comme valeur suprême de la fuite en avant?
Auteur : Francis Berthoud

Depuis le début des années 90 l’évolution des revenus dans le monde occidental a été placée sous l’ancien slogan: «Enrichissez-vous». S’il y a eu enrichissement, il n’a pas été équitablement réparti. Que s’est-il passé dans la Suisse prospère et particulièrement dans le canton de Neuchâtel?

L’égoïsme consiste à faire son bonheur du malheur de tous.
– Henri Lacordaire

Le nombre de millionnaires a explosé comme celui des bénéficiaires de l’aide sociale dont le montant était de 4 millions au début des années 90. En 2012, elle se comptabilisera autour de 100 millions. De 2005 à 2009, le canton a été gouverné par une double majorité de gauche. Depuis 2009, elle est restée majoritaire au législatif. En presque 8 ans de majorité, la gauche n’a quasi rien fait pour les bénéficiaires de l’aide sociale et pour les travailleurs pauvres. Ainsi à la sortie de l’aide sociale, par le seul fait du premier seuil des subsides maladie, un célibataire voit son revenu disponible réduit de 134 francs par mois, un couple de 268 francs, un couple avec deux enfants de 378 francs.

L’égoïsme est la rouille du moi.
– Victor Hugo

Lorsque je m’indigne de cette passivité, on invoque un monde globalisé et la concurrence fiscale. Pas étonnant que l’unanimité des partis aient approuvé une réforme fiscale qui profite aux plus riches et laisse inchangée la situation de 25% des contribuables. Ce dérapage ne peut s’expliquer que par l’aspiration de la grande majorité des membres des partis de gauche à augmenter leur revenu disponible en grimpant dans l’échelle sociale. Ils n’ont plus aucun esprit critique à l’égard de la loi du marché qui ne tient aucun compte des valeurs de distribution équitable des richesses et de solidarité.

Cet aveuglement d’un nombre toujours plus grand de nos contemporains conduit l’ensemble du monde droit dans le mur. Depuis 2008, la loi du marché dans le secteur financier ne suscite plus d’espérance dans un monde meilleur. La croissance ne va pas tout arranger. Elle a des limites dans un monde en explosion démographique et aux ressources limitées. Certes la catastrophe n’est pas pour demain. Mais qui aurait prédit il y a 10 ou 15 ans que la Chine serait sollicitée de venir en aide financièrement à des pays de l’UE? Si les anciens et les actuels pays du tiers monde aspirent à atteindre notre niveau et mode de vie, les ressources de notre terre seront insuffisantes. Si la mentalité du toujours plus demeure, les conflits guerriers sont programmés.

Le bonheur est né de l'altruisme et le malheur de l'égoïsme.
– Bouddha

On ne s’en sortira pas sans accepter de partager équitablement les biens disponibles. L’égoïsme, actuelle valeur suprême, doit être combattu. Il est impératif de retrouver les valeurs de solidarité et de partage. Je sais qu’il s’agit de gros mots pour les riches et une grande partie de la classe moyenne. Désormais pour eux une austérité leur permettant de vivre dans la dignité en disposant d’un même revenu disponible que leurs concitoyens. Même opération au niveau de la planète si l’on veut laisser à nos enfants un monde juste et paisible.

Francis Berthoud, Neuchâtel
Pasteur, ancien directeur
du Centre Social Protestant

Espace Rédaction    intranet
© Journal L'Essor 1905—2024   |   Reproduction autorisée avec mention de la source et annonce à la Rédaction  |       Corrections ?