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Voici quelques observations impertinentes sur la médecine actuelle, suivies de leur confrontation à la réalité des faits chiffrés.
«La vie vaut-elle d'être vécue?» -- Boris Vian
La pharmacie du coin fait face à une entreprise «performante» où les employés, excédés par la charge de travail et de souffrance viennent se fournir en inhibiteurs de leurs troubles dépressifs, affectifs, érectiles ou dormitifs, pour la journée… ou l'éternité.
On estime en France que 400 à 800 agriculteurs se suicident par an(1). En Suisse, «le suicide reste une des causes de mortalité les plus importantes parmi les personnes âgées de 15 à 44 ans», avec plus de 1300 cas par an(2). Toujours en Suisse, «l'augmentation fulgurante des maladies psychiques, que les experts mettent sur le compte des profondes mutations qui frappent la société et le monde du travail» touche de plein fouet les finances de l'AI(3). Ce sont les antidépresseurs que 4,1% des Suisses romands consomment quotidiennement, des femmes en majorité (5.8%). De 1992 à 2007 la prévention de la santé publique des Suisses à échoué: les accros au tabac ont passé de 30 à 27.9%; à l'alcool quotidien de 13.3 à 11.4%; aux somnifères de 2.9 à 2.8%, aux calmants de 2.7 à 2.6%; au haschich de 4.4 à 4.6%(4). Qui est-ce qui disait qu'il faudrait réduire les coûts de la santé?
Les drogues… durent
Dans le cabinet médical qui jouxte le bureau de tabac, on vient faire ausculter ses poumons avant d'aller rejoindre le pavillon des cancéreux. Et à côté, ce sont les marchands d'alcool, spécialisés eux, dans le «soin» des maladies du foie, des cancers divers et de la chirurgie des blessés ivres du vendredi soir.
Que font les médecins, oncologues en particulier, qui restent indifférents à l'intoxication de leurs futurs patients par des cancérigènes tels l'amiante ou le tabac? Entre 2009 et 2010, Philip Morris International, deuxième empoisonneur mondial, dont le siège est à Lausanne – Ville-olympique –, a augmenté ses ventes de cigarettes de 4,1%(5) en déplaçant sa production dans les pays épargnés jusque alors. Le tabac tue annuellement trois millions de personnes et Philip Morris pète de santé: «Notre commerce mondial s'ouvre sur des perspectives de prospérité sans précédent»(6). En Suisse, les publicités pour les marques «Fumer tue» envahit à nouveau les «stations sévices», «bourreaux de tabac» et autres «boîtes à dettes».
«Un enfant qui meurt de faim est un enfant qu'on assassine» -- Jean Ziegler (7)
Au-delà des super marchés qui nous délectent de leurs saveurs tropicales, l'on affame les esclaves du progrès qui les cueillent en sueur sous la férule des «multilent-nationales».
Dans les pays appauvris de la planète, les biens nommés drugstores achalandées par les Novartis et autres fabricants de médicamenteurs, les privent intentionnellement des deux remèdes essentiels à la vie: le pain quotidien et l'eau potable dont plus d'un milliard de personnes n'ont pas accès(8). C'est l'une des raisons pour lesquelles dans les pays enrichis, seul 1% des enfants meurent avant 14 ans alors que dans les pays appauvris ce sont 36% qui décèdent(9).
Désespérance de vie
En face d'un pimpant EMS – Entre Malaises et Solitudes – où patientent nos quasis centenaires, sur la face cachée de la Terre, attendent aussi la fin, des milliards d'êtres humains à peine cinquantenaires.
Si «Tout individu a le droit à la vie… et à la sécurité de sa personne», la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1984 n'en précise pas la durée. Or, en 2006, l'espérance de vie à la naissance allait en moyenne par pays de 82 ans et plus à moins de 35 ans(10). Une personne qui meurt au milieu de sa vie est une personne assassinée. Où sont-ils ces progrès annoncés par les usurpateurs capitalistes. Ce ne sont que regrets: «En 2010, aux États-Unis […] l'espérance de vie a, pour la première fois depuis le XIXe siècle, diminué».
Vendre à la fois le poison et l'antidote
Pour finir, j'observe qu'à deux pas de l'hôpital surpeuplé, trône un hypermarché qui débite tout et son contraire. De quoi s'empiffrer «bio» et engraisser «éco», des coupe-faim et des édulcorants de quoi maigrir, des vélos et autres engins de fitness domestique de quoi retrouver une hypothétique forme.
On assiste aujourd'hui à une course de vitesse entre la progression des pathologies et les progrès de la médecine. On peut craindre le pire, suite à la prolifération d'agents mortifères par l'économie productiviste. Les «bombes à retardement que sont l'obésité, les maladies de l'amiante, le tabagisme et les impacts des produits phytosanitaires…» sont bien là comme le démontre «l'augmentation impressionnante et avérée du nombre de cancers»(11). Certes, le marché de la santé qui à la fois mutile et soigne stimule la «croissance». Pour s'enrichir rapidement, les maffieux savent qu'il faut vendre à la fois le poison et l'antidote. Les trafiquants de drogue doublent leur mise en privatisant les cliniques de sevrage, les armées privées en achetant les hôpitaux militaires, les vendeurs de camelotes en tirant profit du traitement des déchets et le bétonneurs en démolissant leur blockhaus…
Entre la Bourse et la Vie, il va falloir trancher!
1 Le Monde, 28.2.2011.
2 «Soins palliatifs, prévention du suicide et assistance organisée au suicide», Berne, juin 2011.
3 Swissinfo.ch, 15.5.2007.
4 OFS, «Consommation de tabac, d'alcool, de médicaments…».
5 Philip Morris International, Wikipedia.
6 Info-Tabac nº 28, 1999.
7 Jean Ziegler, «Destruction massive, géopolitique de la faim», Seuil 2011. p.13.
8 «Eau», Wikipédia. Selon Jean Ziegler, la sous- alimentation représentait 58% de la mortalité totale en 2006.
9 OMS, «Statistiques sanitaires mondiales», 2011.
10 «Espérance de vie humaine», Wikipédia.
11 Ibid.