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En fait, il ne s’agit pas de marchés de la santé mais de marchés de la maladie. La santé est l’état normal de tout être humain qui se sent bien. Elle ne coûte rien tandis que la maladie rapporte. Les assureurs, les entreprises pharmaceutiques et les prestataires de soins en ont fait une affaire très lucrative qui coûte aux citoyens suisses quelque 65 milliards de francs par an. Pour garantir ce pactole, on a rendu l’assurance maladie obligatoire, ce qui l’a transformée en un racket pratiqué sur les citoyens au nom de leur santé. L’assurance maladie – mais pas l’assurance accidents – est une activité parasite qui détourne à son profit une partie des fonds collectés pour les soins aux malades.
Ainsi, les prestations de soins coûtent toujours plus cher sans pour autant être nécessairement utiles. Illich le disait déjà: «L’entreprise médicale menace la santé. Le consommateur de soins devient impuissant à se guérir ou à guérir ses proches» (Némésis médicale, Seuil, 1975).
Tout le monde ne s’est pas laissé faire et il faut saluer la détermination de Mme Janine Favre et d’un groupe de résistants à la LAMal qui ont tenu tête à ce racket en refusant de payer les primes d’assurance qu’on a voulu leur imposer (voir l’essor No 5, 2007). La «justice» les a bien entendu condamnés, craignant probablement un précédent car il ne fallait pas que le système très lucratif rendu possible par la LAMal soit remis en question par quelques récalcitrants. Il en est résulté que des personnes ont quitté la Suisse pour échapper à la LAMal. Avec raison: la LAMal n’est pas compatible avec les droits de l’homme qui comprennent celui de choisir librement ses moyens de soins.
Le mensuel français Votre Santé (44 boulevard Magenta, F 75010 Paris) est dirigé par des médecins. Il dénonce régulièrement la dérive du système médical de la santé vers le profit. Cette dérive se manifeste aussi en Suisse. On peut en particulier se demander si la recherche médicale est orientée en faveur des patients ou pour assurer les affaires des compagnies pharmaceutiques et si elle ne sert pas à entretenir des illusions. Il y a des maladies orphelines pour lesquelles on ne cherche pas de remèdes parce qu’elles affectent peu de patients ou des patients non solvables. Le Dr François Choffat a fait la remarque que «la recherche médicale entretient le mythe de notre immortalité possible», et Aldous Huxley pensait que «la médecine a fait tellement de progrès que plus personne n’est en bonne santé».
Plus concrètement, dans Votre Santé No 147, janvier 2012, le Dr Jean-Pierre Willem déplore que la liste des remèdes chimiques aux effets délétères et parfois mortels ne cesse de s’allonger: Médiator, Distilbène, Vioxx, Roaccutane, etc. Tous ces médicaments ont été mis sur le marché, et donc vendus, avec profit. On se souvient du médicament Tamiflu contre la grippe H1N1 et dont des millions de doses ont dû être détruites parce que non demandées et jugées inefficaces. Cette destruction a coûté des millions, payés par le contribuable.
Les campagnes de vaccination sont très lucratives pour les entreprises pharmaceutiques. Mais elles ne sont pas souhaitables pour autant, même si elles ont le soutien des autorités sanitaires. On a vacciné en masse contre l’hépatite B malgré les effets secondaires graves provoqués par ce vaccin. Le Gardasil, vaccin fabriqué par l’entreprise pharmaceutique Merck, était censé protéger contre le cancer du col de l’utérus ce qui a été contesté, entre autres, par l’Institut national du cancer des États-Unis puisqu’il n’existe aucun vaccin contre le cancer.
Merck a financé une campagne agressive et mensongère pour son vaccin et espérait le faire imposer par les autorités sanitaires des États américains à toutes les jeunes filles de 9 à 26 ans. Heureusement, que Merck n’a pas réussi à imposer son vaccin, lequel a été critiqué de toutes parts (Votre Santé, No 147, janvier 2012).
L’enthousiasme pour la vaccination a diminué en France, ce qui a désolé la secrétaire d’État à la santé, Mme Nora Berra, laquelle essaye d’augmenter le taux de vaccination contre la grippe en distillant la peur de cette maladie (Votre Santé, No 145, novembre 2011). On constate donc que l’industrie du médicament obtient l’appui des services de l’État pour vendre ses produits. Cela n’a plus rien à voir avec la santé. Les affaires d’abord.
On se retrouve ici aussi avec la problématique du «développement». Dans la logique économique, une entreprise doit se développer, soit augmenter son chiffre d’affaires, au détriment de la concurrence et de la société s’il le faut. Il y a lieu, comme l’a proposé Serge Latouche, «d’en finir une fois pour toute avec le développement» (Le Monde Diplomatique, mai 2011). Après tout, le développement n’est jamais qu’une croyance occidentale (Gilbert Rist: Le développement, histoire d’une croyance occidentale, Presse de Sciences Po, 1996).