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Au milieu de nulle part
Emilie Salamin-Amar, Editions Planète Lilou, 2010
En huit ans, Emilie Salamin-Amar en est déjà à son seizième livre. Et elle ne se contente pas d'écrire; en plus, elle conçoit, édite et relie. Il faut dire que notre amie, membre du comité rédactionnel de l'essor, a beaucoup de chose à dire et l'écriture est un moyen d'expression dans lequel elle excelle.
A l'affut de tout ce qui se passe, Emilie Salamin-Amar se plaît à tisser la trame de ses livres à partir des bribes d'informations parues dans la presse ou sur internet. Avec humour et imagination, elle s'est saisie du problème de la crise boursière et du rôle des traders pour raconter l'ascension et la lente descente aux enfers de l'un d'entre eux, qu'elle nomme Noam Bodède. Au temps de sa splendeur, il se sent irrésistible; il a tout: il gagne plus que le président des Etats-Unis, toutes les femmes sont à ses pieds et dans son lit, il fréquente les plus beaux palaces de la planète. C'est un personnage arrogant, trop sûr de lui, prétentieux, auto-suffisant. A part l'argent, il n'a que trois passions: les paris (avec une pièce truquée!), les rencontres avec les hommes et les femmes nés comme lui un 29 février et la collection de boites d'allumettes avec la photo d'un phare.
Puis vint la chute de la Bourse (l'auteure surnomme joliment Wall steet "Vol street"), le licenciement de la grande banque qui lui a rapporté des millions et qui en a fait perdre encore davantage à ses clients. Et c'est la longue descente aux enfers, la fuite en avant… au milieu de nulle part. Et il a fallu des jours de solitude au bord des rives du Saint-Laurent pour que commence enfin le long chemin de la rédemption. Un roman, dit Emilie Salamin-Amar de son ouvrage. Il se lit comme tel mais c'est aussi le révélateur du grand mal de notre époque: la recherche effrénée de l'argent.
Rémy Cosandey