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Juin 2010
Le néolibéralisme n'est qu'un fond de culotte
Auteur : Georges Tafelmacher

Le libéralisme ainsi que son fils naturel le néolibéralisme, prônent une limitation du rôle de l'Etat à son expression la plus simple, soit de fixer un cadre aux échanges économiques avec le moins d'entraves possibles, d'imposer une morale unidirectionnelle formatrice et des valeurs de domination et de pouvoir soft. Le néolibéralisme n'est autre que l'expression brutale de la nature humaine dans tout ce qu'elle a de dure, de cruelle, d'impitoyable, d'inhumaine, de contraignante et d'imposante et il est même la forme la plus aboutie d'une dictature des élites et des méritants, des leaders et des charismatiques que cette terre ait porté depuis que les hommes ont inventé l'élitisme, le pouvoir et l'enrichissement. Il est l'expression même de notre égocentrisme, de notre obsession du pouvoir, et son moteur est la concurrence et la compétitivité, formable machine de ségrégation et d'hiérarchisation des individus car il les classe selon leurs performances évaluées selon les besoins économiques conçus par des dirigeants n'intéressés qu'à la consolidation de leurs fortunes et de leurs empires. Le néolibéralisme n'est rien d'autre que l'abâtardissement des nobles percepts de l'anarchie libertaire qui, elle, prônait le droit de disposer librement de sa force de travail et des produits de son travail, la liberté d'échanger, de contracter, d'entreprendre, à tous les niveaux, pour tout le monde et où l'économie est considérée dans sa globalité depuis les tâches ménagères jusqu'aux projets communautaires les plus fous!

Le néolibéralisme exprime d'une manière crue le fond de commerce libéral qui postule la suprématie de quelques méritants vertueux sur cette masse d'ignares de sans-culottes qui ne savent que brailler et foutre l'anarchie, descendre dans la rue et renverser les poubelles. De cette façon, les autorités peuvent justifier les charges des forces de l'ordre et ses gaz lacrymogène, ses balles en caoutchouc et ses coups de matraque, d'une police aux ordres des dominants locaux, ces dominants étant eux-mêmes aux ordres des dominants du G20, qui sont eux-mêmes aux ordres des pontes de l'économie, des banques et de l'industrie, qui sont eux-mêmes aux ordres d'un système si totalitaire que nous ne pouvons plus faire autre chose que de descendre dans la rue, de hurler notre mécontentement et de renverser les poubelles néolibérales culottées!

Lorsque nous analysons ce qui se passe, nous nous en sortons catastrophés car il semblerait que cette crise du néolibéralisme qui viole la terre est le signe même que chez l'homme, quelque chose dans son mental n'a pas suivi son «progrès» matériel et l'augmentation de son pouvoir, quelque chose fait que l'homme est mené par ses tendances autodestructives que rien ne semble arrêter et surtout pas tous ces appels à la responsabilisation, à la moralisation et à la mise sous éthique de ces valeurs prétextes pour le contrôle des individus. Le plus que nous essayons de dénoncer ce qui se passe, le plus sûrement que nous fonçons dans un précipice!

Ce qui fait vraiment peur est de voir à quel point nous sommes capables d'infliger des meurtrissures fatales à notre écosystème et de nous justifier sans vergogne en faisant appel à nos plus bas instincts de consommateur, à nos envies et besoins matérialistes et égocentriques, à nos tentations de pouvoir et de gloire, à nos sentiments d'exister et de s'imposer, à nos tendances à l'enrichissement. Ce qui se passe est la preuve même que tout ce système est autodestructif et tend vers l'annihilation et la destruction finale. Tout nous pousse à la consommation et la consommation nous pousse vers un destin incertain mais certainement fatal au vivant. Nous nous comportons comme si nous étions des mécaniques parfaites sur lesquelles il suffit d'imposer une volonté pour trouver le bonheur, bonheur vendu par les temples de la consommation et les shopping-centers, nourri par la publicité reine de nos émotions!

Le néolibéralisme tend un miroir vers nous et nous voyons la mort! La mort de la terre surexploitée, des espèces menacées, du vivant massacré! La mort de tout ce que l'intelligence humaine a gagnée depuis 100'000 ans et le triomphe de tout ce que l'homme porte de destructif en lui. Mais le pire est d'entendre que toutes ces justifications pour ces destructions se font au nom du progrès, de l'industrialisation porteuse, soi disant, de bonheur, de richesse et de gloire; la morale, les valeurs et l'éthique ne servant qu'à caler nos certitudes dans le confort des acquis matériels et de notre pouvoir sur la création. Ils nous disent qu'ils créent les emplois du futur mais à quoi bon ces emplois si nous devenons complètement malades de notre environnement massacré et surexploité. Ils nous disent vouloir nourrir le monde mais à quoi bon si le monde s'autodétruit!

Le plus grave étant qu'aucune éducation ne changera quoi que ce soit à cet état, aucune loi ne modifiera ces tendances, aucun appel à la responsabilisation ne sera opérant car ces tendances sont inscrites dans nos gênes mêmes, dans notre évolution guerrière et de pouvoir, dans la conception de notre surimportance, dans l'idée même que nous nous faisons de nous-mêmes gonflés comme des coqs trop sûrs d'eux confits dans leurs petites assurances et régnant sur leurs basse-cours comme des tyrans mégalomaniaques, obsédés par l'influence qu'ils cherchent sur autrui. Tant que les puissants et les régnants ne se rendent pas compte du tort qu'ils infligent au monde et à ses habitants, tant que tout le système pousse à plus de consommation, plus d'industrialisation, plus d'exploitation, plus de compétition, tant que tout est axé sur le progrès, la croissance, la concurrence, l'enrichissement, la spéculation et le cours de la bourse, alors rien ne changera, rien n'empêchera cette course vers l'annihilation finale où les chambres à gaz seront les centres de nos villes asphyxiés par les gaz de millions de voitures et de fabriques fumeuses.

Tant que nous n'arrivons pas à appréhender l'entier du drame humain et à comprendre ce qui se passe et pourquoi, tant que nous ne pouvons pas reconnaître ce qui ne tourne pas rond chez nous, jamais nous ne pourrons continuer notre cheminement sur cette terre devenu notre purgatoire et l'ante-chambre de l'élimination de la vie sur cette terre. Le plus que nous analysons ce qui se passe, le plus que nous pouvons faire le constat d'une volonté de destruction portée non pas par quelques marginaux déjoints ou terroristes furieux mais par le commun des mortels pris dans la logique néolibérale de la pire espèce, le néolibéralisme étant le summum de la nature humaine la plus sordide, accapareuse, et, finalement, destructive.

La seule question que nous devons nous poser est de savoir comment nous débarrasser de ces puissants qui veulent nous diriger, comment arrêter ces spéculateurs de jouer notre système à la bourse, comment faire venir à de meilleurs sentiments ces directeurs qui veulent faire fortune, comment stopper ces discours apologiques qui renforcent et justifient cette économie champ de guerre en temps de paix, comment contrer ce moralisme menottant et l'utilisation de valeurs camisoles de force contraignantes et formatrices, comment cesser de juger, de classifier, de jauger les gens et de les mettre dans des prisons formatées…

Oui, comment faire pour que les puissants de cette terre cessent d'être puissants pour n'être que des humains comme le commun des mortels avec nos doutes, nos peurs, nos angoisses, nos espoirs, nos visions et plans pour l'avenir???

N'oublions jamais que la réalité est que l'homme est tellement destructif qu'il est capable de tuer le monde sous prétexte de vouloir nourrir la planète et de l'étrangler pour faire son bonheur…

Vive la révolution et à bas les dominants et leur système si totalitaire que nous devons… résister avec culot!!


«Le neolibéralisme? Est un peu au libéralisme ce que le stalinisme fut au socialisme. Tend à l'instauration d'un communisme privatisé où la finance imposerait sa dictature de classe grâce à l'instauration d'une idéologie unique Ses principales victimes: la concurrence, le pluralisme, les créateurs libres et les entrepreneurs indépendants».
Jean-François Kahn

«Le vampirisme des financiers a eu raison de la Grèce. Désormais, c'est l'Europe tout entière qui se trouve en ligne de mire. En vertu de la logique néolibérale sans aucune cohérence ni limite morale…
Philippe Cohen, Marianne
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