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Chacun apprend la langue de l'autre à l'école et les enseignants mettent sur pied des échanges de classes. De plus, les cantons organisent des échanges individuels de vacances pour élèves de 11 à 15 ans.
Lors de ces échanges, les élèves sont supposés se mélanger. Mais lors d'une excursion, on voit les groupes-classes qui restent ensemble. Les Alémaniques parlent alémanique, c'est-à-dire dialecte suisse-allemand. Et les Romands ont souvent l'idée que la communication passe mal à cause de ce maudit dialecte. Mais approchez-vous des Romands en stabulation libre, des adolescents de 14 ans, et vous entendrez: «T'as pas une clope? J'en ai ras le bol. On se tire?» Résultat: les Alémaniques n'ont aucune chance de comprendre si les Romands parlent argot. Sur le plan linguistique, rien à voir entre le dialecte et le phénomène de l'argot. Mais comme cause d'incompréhension, l'effet est le même.
Les élèves développent diverses stratégies pour se comprendre dans ce genre de situations plus ou moins scolaires: des phrases en diverses langues, des rires, des gestes, des dessins… Quant au choix de la langue, on observe une vaste palette. Comme il n'existe aucune classe purement romande ni purement alémanique, on entend par exemple un Sri Lankais alémanique qui commence à parler tamil avec un Sri Lankais romand. Cela peut être deux Portugais ou deux Albanais. La «mixité» de nos classes permet de telles situations, où deux élèves nouvellement arrivés en Suisse servent d'interprètes dans un groupe linguistiquement mixte. Cette situation se produit durant les premières heures de la rencontre. Ensuite, on passe aux contacts bilatéraux. La plupart du temps, les Romands se mettent à parler l'allemand et les Alémaniques le français. Ils peuvent ainsi choisir leurs mots, parler à leur rythme, et on évite les problèmes mentionnés plus haut: le dialecte et l'argot.
Ces échanges permettent surtout aux enfants de parler en situation. Ils disent «J'ai faim» quand ils ont vraiment faim, pas quand ils doivent lire la phrase 2 de l'exercice 15. S'ils n'arrivent pas à dire «Ich habe Hunger», ils risquent d'aller au lit sans souper…
Il est important de ne pas imposer une langue. En effet, on tient à sa langue comme à son ours en peluche. L'élève à qui on dit «No french!» se sent violé. Dans un cours de langue, on va faire du théâtre, on va jouer à se parler dans la langue cible. Dans un échange scolaire, mieux vaut que les élèves parlent la langue de leur choix, plutôt que de ne rien se dire.