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Nous avons 3,5 langues officielles en Suisse. Curieux! Oui, c'est ainsi. L'allemand (70%), le français (20%) et l'italien (6%) sont nos langues pleinement officielles (pourcents arrondis). Cela signifie deux choses: tout d'abord, chaque loi est traduite dans ces trois langues. Ensuite, tout citoyen peut s'adresser au gouvernement à Berne dans l'une de ces trois langues et recevra une réponse dans la langue qu'il a utilisée. Quant au romanche, la situation est un peu différente: on ne trouve pas toutes nos lois dans cette langue (et quelle langue romanche? car il y en a cinq… mais ceci est un autre article!) Les romanchophones peuvent s'adresser à Berne en romanche et reçoivent une réponse dans leur langue. Le romanche est donc une langue semi-officielle.
Remarque préliminaire et très importante: l'éducation est une compétence cantonale. Ce qui revient à dire que la Conférence des Directeurs de l'Instruction Publique (ci-dessous CDIP) ne peut que proposer et conseiller, mais pas ordonner aux cantons d'entreprendre telle ou telle stratégie.
Traditionnellement, les élèves francophones ont appris tout d'abord l'allemand, qu'on ne peut pas appeler «langue étrangère» puisque c'est une langue nationale… Les élèves alémaniques ont appris d'abord le français. Les Tessinois ont appris le français et l'allemand en même temps.
Après cette étape, les élèves apprenaient ou pouvaient apprendre une autre langue étrangère qui pouvait être l'anglais, l'espagnol, le russe…
Actuellement souffle le vent du «tout à l'anglais». Les cantons romands sont restés fidèles au système qui consiste à enseigner tout d'abord la langue du voisin, donc l'allemand, l'anglais venant ensuite. Certains cantons alémaniques par contre ont décidé d'enseigner l'anglais avant d'enseigner une autre langue suisse. Tollé général. En Suisse alémanique, il y a deux groupes: les anglophiles (on enseigne d'abord l'anglais) et les francophiles (on enseigne d'abord le français). Les anglophiles promettent que, arrivés à l'âge de 15 ans, les élèves pratiqueront tout aussi bien le français que l'anglais. Ce sont ZH, AG, SG, AR, AI, LU, ZG, SZ, GL, OW, NW, UR et le Liechtenstein. Les cantons qui sont restés fidèles à l'ancien système sont les trois cantons bilingues BE, FR et VS, plus BS, BL, SO et TI. Les Grisons enseignent tout d'abord l'allemand, respectivement l'italien. Dans l'harmonisation qui se met en place actuellement, HarmoS, il est question de divers aspects de mise à niveau mais on constate donc qu'on n'a pas tranché sur la délicate question de savoir quelle langue dite étrangère on allait enseigner d'abord. L'autonomie cantonale reste de mise.
Voir cette carte et ce tableau, en document pdf
Dans les textes de la CDIP, on parle de maîtrise d'une langue. Il faut remarquer qu'une langue est un phénomène étendu et sans limites. Il vaut donc mieux parler de pratique courante plutôt que de maîtrise.
Sur la pertinence du tout à l'anglais, on peut se poser des questions. La Suisse doit-elle se jeter dans les bras de la «cocacolanisation»? Ceci est une autre histoire.