2024 | 2023 | 2022 | 2021 | 2020 | 2019 | 2018 | |||
2017 | 2016 | 2015 | 2014 | 2013 | 2012 | 2011 | |||
2010 | 2009 | 2008 | 2007 | 2006 | + 100 ans d'archives ! | ||||
Rechercher un seul mot dans les articles :
|
Réflexions de Josiane Jemmely lors de la cérémonie de clôture de NeuchàToi (voir article en page 12) Pour les Africaines et les Africains domiciliés dans le canton de Neuchâtel, les différentes manifestations qui se sont déroulées dans le cadre de NeuchàToi ont permis une double prise de conscience. Conviction tout d’abord que des murs peuvent être brisés et que des ponts peuvent être construits entre ceux qui résident au Nord et ceux qui viennent du Sud de la Méditerranée. Révélation ensuite que les spécificités des Congolais, des Ivoiriens, des Camerounais, des Guinéens et des Angolais représentent une richesse et que ces différentes communautés peuvent parler d’une seule voix pour exprimer leurs aspirations et leurs légitimes revendications. Un des miracles de Neuchà- Toi, c’est d’avoir permis aux Africains eux-mêmes de découvrir leur identité commune et de sentir qu’ils peuvent passer du rôle de spectateur à celui d’acteur.
Les spectacles qui nous ont fait vibrer et les expositions qui nous ont rapprochés ont renforcé notre sentiment d’universalité. Toutes les heures que nous avons passées ensemble nous ont confortés dans la certitude que l’intelligence, la raison, la sensibilité et le sens du divin sont des caractéristiques qui s’appliquent égalitairement à tous les êtres humains, quelles que soient leur couleur et leur morphologie.
Le canton de Neuchâtel peut être fier d’avoir permis un tel rapprochement, je dirais même une telle symbiose. Je pense qu’il peut à juste titre se reconnaître dans la citation suivante: «L’État chez nous est administré dans l’intérêt du plus grand nombre, et non d’une minorité. De ce fait, notre régime a pris le nom de démocratie. Pour les affaires privées, l’égalité est assurée à tous par les lois et surtout celles qui assurent la défense des faibles. Pour les affaires publiques, nul n’est gêné par sa pauvreté ou l’obscurité de sa condition, s’il est capable de rendre service à la cité». Ces propos admirables sont de Périclès, célèbre dirigeant d’Athènes, et datent du cinquième siècle avant Jésus- Christ.
Qu’elles soient déjà solidement implantées dans le canton ou qu’elles viennent de s’y établir, des milliers de personnes ont appris à mieux se connaître grâce à NeuchàToi. Connaître la culture de son voisin, c’est réduire l’ignorance et la peur qui conduisent à l’intolérance, laquelle génère souvent l’exclusion et le racisme.
Ce n’est pas avec des grandes théories qu’on apprend à vivre ensemble et à se respecter. C’est avec des paroles simples, des gestes spontanés et surtout avec la conviction que l’autre peut nous apporter quelque chose. Je suis convaincue que certaines valeurs antinomiques, loin de constituer un handicap, peuvent représenter une source d’équilibre.
Je pense notamment que les Africains pourraient s’imprégner davantage du savoir des Européens et que ceux-ci auraient aussi besoin de l’exubérance et des énergies qui viennent d’ailleurs.
En guise de conclusion, je tiens à citer un extrait du célèbre discours intitulé «J’ai fait un rêve» que le pasteur Martin Luther King a prononcé en 1963 à Washington: «Je rêve que mes enfants vivent un jour dans un pays où on ne les jugera pas à la couleur de leur peau mais à la nature de leur caractère». J’ose croire que Martin Luther King, en se penchant au bord de son Paradis, a constaté, à travers NeuchàToi, que son rêve s’est réalisé.