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Octobre 2006
Le populisme remet en cause la démocratie
Auteur : Gisèle Ory

Quelle personnalité politique n’a pas envie de plaire au peuple? Toutes désirent être élues. Toutes doivent donc parler aux gens, s’en faire comprendre, les défendre. Alors pourquoi dit-on de certains qu’ils sont populistes et d’autres qu’ils sont populaires? Le populisme est accompagné d’une connotation négative. On aime être populaire. On traite ses adversaires de populistes…

Le populisme peut être de droite ou de gauche. Les divers mouvements que l’on regroupe sous ce terme ont cependant quelques points communs.

Tout d’abord, pour que naisse le populisme, il faut une situation sociale difficile. Un terreau de personnes appauvries, inquiètes, mécontentes de leur sort. Puis, un «chef charismatique», qui incarne le parti et montre le chemin. Le chef désigne les problèmes, les solutions, promet un grand projet commun. Il se montre très proche des gens, crée un sentiment d’appartenance à une grande famille. Il joue sur l’attachement des militants. Enfin, le populisme remet en cause la démocratie et ses institutions. Il critique de manière acerbe les autorités. Il dénonce leur incurie, voire leur malhonnêteté. Il en appelle directement au peuple, à son jugement et à son action. Le populiste est un maître de la communication simple et directe. Il privilégie ce que le peuple a envie d’entendre. Il cherche à créer un contact émotionnel avec la foule. Souvent, il flatte les mauvais sentiments, l’égoïsme, l’égocentrisme, l’individualisme, la peur de l’autre, le rejet, des sentiments diffus et inavoués, mais bien présents.

«Le plus sûr moyen de ruiner un pays est de donner le pouvoir aux démagogues».
Denys d’Halicarnasse, env. 20 av. J.-C.
Depuis quelques années, l’apparition de nouveaux mouvements populistes de droite dans plusieurs pays européens doit nous interpeller. Elle peut être interprétée comme une crise de la société européenne et de sa démocratie représentative: mondialisation, libéralisme outrancier, concurrence exacerbée, pression sur les emplois, exclusion, construction pénible de l’Europe, stagnation économique, appauvrissement d’une partie de la population ébranlent les fondements de la société et laissent beaucoup de personnes désemparées. Le retour à des valeurs conservatrices est une manière de se rassurer, de croire qu’on va pouvoir empêcher le monde de changer.

Le populisme est un symptôme. Il doit nous rendre attentifs au malaise que ressent la population. Ce malaise doit être pris en compte par les gouvernements, qui ne doivent pas oublier de répondre aux soucis de la population et d’accompagner les réformes de mesures propres à rassurer. S’ils sont pris en compte, ces mouvements sont toujours éphémères.

…Et les politiciens et politiciennes populaires, qui s’appuient sur le peuple pour construire un monde nouveau, plus juste, plus solidaire et qui font appel à ce que nous avons de meilleur en nous auront le dernier mot!

Gisèle Ory, conseillère aux États, socialiste

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