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L’issue des élections du 24 septembre portant sur le double scrutin des lois sur l’asile et les étrangers était tout sauf imprévisible et il n’y a guère qu’une poignée de doux rêveurs pour s’en étonner ou feindre de s’en étonner. Car la machine infernale est en marche, le rouleau compresseur de la haine et de l’exclusion en branle, broyant sur son passage le bon sens et l’humanisme. Les instincts de la peur l’emportent sur le rationnel. Plus facile de cultiver la haine que la concorde, de promouvoir le partage que le gaspillage. Le débat d’idées s’enlise et se radicalise, butant sans résistance contre les idées fondamentales garantes du droit des humains. L’arrogance du verbe et le rejet du faible sans défense sont portés au zénith.
L’amalgame du binôme «étranger/asile» a été savamment instillé dans les esprits, trouvant un terreau fertile dans les scores sans appel des votations sur les mesures de contraintes. On passe maintenant à la vitesse supérieure. On quadrille, on évoque les grands ensembles géographiques et économiques affublés de noms pompeux (UE extensible à souhait et AELE) et on trie les hommes comme l’on ferait du bétail.
Les bons étrangers, les intégrables, dans la Cité; les indésirables et inclassables, loin du bal! On ne fait plus dans la dentelle, car on a assez parlementé. Mais dans cette géométrie et géographie variables, où classerait-on les ressortissants du pays des Aborigènes, de celui des Maoris ou celui des Zoulous sans parler de ceux du Soleil Levant à qui on fait désormais les yeux de Chimène? Font-ils aussi partie des deux sacro-saints ensembles de référence? A moins que les critères de tri soient ailleurs. Mais il n’y a que les dupes et les candides pour ne pas voir les choses venir. Hier les gares de triage, demain les charters ou containers de rapatriement. Pendant ce temps, des dangers planent sur la planète.
Et on nous dit que les nouvelles dispositions seront bientôt exécutables et toutes les instances concernées, politiques et judiciaires sont invitées et/ou sommées de les appliquer. Précaution superflue car certains esprits impatients n’ont pas attendu ce feu vert pour les appliquer à leur manière. C’est ainsi que selon sa provenance géographique et la pigmentation de sa peau, selon le service que l’on sollicite, on se voit soumettre à d’étranges questionnaires improvisés.
Ainsi donc, les vexations et humiliations ordinaires ne seront que du pipi de chat pour les estampillés mauvais sujets! Car il faudra montrer «patte blanche» pour toutes les démarches au quotidien, travail, logement, assurances, formation… Dans le même temps, on nous convie aux grand-messes de l’intégration à grand renfort de publicité et de mobilisation humaine.
Longtemps ils nous ont tenu le discours de l’intégration dont ils ont savamment formulé la définition, nous avertissant que la formation en était le sésame. Nous avons encouragé nos enfants à aller chercher le savoir pour s’approprier les valeurs fondatrices de la société d’accueil, ceci au détriment de nos valeurs culturelles et voilà que nous devrons leur expliquer que leur chance d’accès au monde du travail dépendra de paramètres et facteurs géopolitiques, pour des raisons sécuritaires et d’apaisement des citoyens. Car le prochain chantier stratégique auquel notre machine va s’attaquer sera «l’islamisation et la violence dans les écoles». Un autre amalgame en perspective. Bien du plaisir…
Décidément, il y a quelque chose qui sent le soufre au paradis de Calvin