Logo Journal L'Essor
2024 2023 2022 2021 2020 2019 2018
2017 2016 2015 2014 2013 2012 2011
2010 2009 2008 2007 2006 + 100 ans d'archives !
Rechercher un seul mot dans les articles :
Article suivant Numéro suivant
Numéro précédent Article précédent   index de ce numéro

Décembre 2019
La preuve scientifique de l’existence de Dieu
Auteur : Alain Simonin

Avec un groupe de six «acteurs naturels», comme aime à les nommer le réalisateur genevois Fred Baillif («La bande du parc Geisendorf», 2006, «Tapis rouge», 2014), j’ai eu le plaisir de tourner quelques scènes d’une histoire ancienne: l’objection collective au service armé, pour lui substituer un service civil à la communauté. 1974: sur la Place fédérale de Berne, nous sommes 22 à déposer, en tas, nos effets militaires et nos fusils. Les femmes de notre comité de soutien déchirent nos livrets militaires. Quelques heures plus tard, la scène passe au TJ de l’époque. Quelques mois plus tard, nous faisons tous entre trois et huit mois de prison. L’objection pour des motifs politiques et le libre choix ne sont pas reconnus en Suisse. Il faudra attendre encore presque vingt ans.

Avec un groupe de six «acteurs naturels», comme aime à les nommer le réalisateur genevois Fred Baillif («La bande du parc Geisendorf», 2006, «Tapis rouge», 2014), j’ai eu le plaisir de tourner quelques scènes d’une histoire ancienne: l’objection collective au service armé, pour lui substituer un service civil à la communauté. 1974: sur la Place fédérale de Berne, nous sommes 22 à déposer, en tas, nos effets militaires et nos fusils. Les femmes de notre comité de soutien déchirent nos livrets militaires. Quelques heures plus tard, la scène passe au TJ de l’époque. Quelques mois plus tard, nous faisons tous entre trois et huit mois de prison. L’objection pour des motifs politiques et le libre choix ne sont pas reconnus en Suisse. Il faudra attendre encore presque vingt ans.

2018: une petite partie des mêmes protagonistes reprennent du service. Dans ce qu’on appelle un «docu-fiction», ils se lancent dans un nouveau combat: éradiquer l’ignominieux commerce des armes en Suisse, pays fondateur de la Croix Rouge et promoteur de paix entre belligérants, par la mise en œuvre d’une subtile diplomatie dite des «bons offices». Mais le marché des armes a rapporté 447 millions de francs en 2017. Hypocrisie largement admise donc!

Nous préférons infiniment aller en prison plutôt que de continuer cette action ridicule qui consiste à entasser bois, pétrole, dynamite, pour prévenir l’incendie.
– Pierre Ceresole, Vivre sa vérité

Le film oscille entre archives (reconstituées), interviews tirés du réel, personnages fictifs, et final burlesque. La recette proposée par ces militants du troisième âge pour éradiquer l’horrible commerce des armes? Chut ….on ne dira rien! Allez plutôt voir le film sur un écran de Romandie, vous découvrirez le secret et vous deviendrez, par contamination, de vrais militants favorables au prochain vote de «l’initiative contre les exportations d'armes dans des pays en proie à la guerre civile». Le film est certes engagé contre le commerce des armes, mais il évoque également plusieurs autres thèmes: l’amitié, les limites et contradictions de l’action militante, les rapports entre les générations, la violence, l’audace politique.

Notre petite équipe de «has been» (J.-L. Bideau dixit dans une scène) a joué dans ce film comme si chacun-une avait retrouvé ses trente ans. Soutenus par des acteurs professionnels, (dont Jean-Luc Bideau et Irène Jacob) et un chanteur de rap (Makala), nous avons été contaminés par la joie, la générosité et le professionnalisme de toute l’équipe technique: l’opérateur, la cheffe de plateau, le preneur de son, la maquilleuse, la costumière, le perchman, le cuisinier. Mais surtout contaminé par la géniale intuition de notre ami Fred, le réalisateur. Son crédo: renoncer à tout discours trop pompeusement idéologique, pour laisser parler le vécu et les rêves d’un groupe d’acteurs jouant leurs propres rôles de citoyen-nes engagé-es. Evoquer en images des sujets graves mais avec légèreté, pour donner l’envie aux spectateurs de comprendre et d’agir. Il s’en explique sur son site que vous pouvez consulter: freshprod.com. Voir le making du film.

Mais pourquoi «diable», vous demanderez-vous cet étrange titre: «La preuve scientifique de l’existence de Dieu»? Seul Dieu lui-même pourra vous répondre

Alain Simonin

 


Alain Simonin a été durant quelques années rédacteur-responsable de l'essor. Jusqu'en 2005.
Espace Rédaction    intranet
© Journal L'Essor 1905—2024   |   Reproduction autorisée avec mention de la source et annonce à la Rédaction  |       Corrections ?