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Créé en 1968 par quelques bénévoles passionnés du rail, le train à vapeur du Blonay-Chamby traverse un paysage enchanteur surplombant le Léman entre Vevey et Montreux. Le terminus atteint, un musée spacieux et digne d’intérêt présente quelques beaux fleurons parmi les wagons et les locomotives mis en circulation à partir de 1870 jusqu’aux alentours des années 1940. Tous ont été restaurés dans le respect et l’amour du travail qui prévalaient à cette époque. Mille petits détails attisent la curiosité du public: ferronnerie d’art, boiseries soigneusement ouvragées, pièces mécaniques de bronze ou de laiton, barrières aux pommeaux ciselés, tout un travail patiemment élaboré pour le confort ou le simple plaisir du voyageur. Ces artisans méticuleux donnaient alors le meilleur de leurs capacités et de leur savoir-faire. Difficile, en quittant les lieux, de ne pas comparer cette qualité de travail à celle qui ne vise aujourd’hui que vitesse et rentabilité, ignorant tout du charme et des vertus d’un artisanat presque disparu. Le travailleur d’antan se sentait valorisé et prenait plaisir à l’ouvrage. Celui d’aujourd’hui est mis sous pression, trop souvent exploité, méprisé, employé sur des machines crachant à grand bruit leurs pièces métalliques, ou simple acteur dans le monotone processus de conditionnement.
Quand l’homme devient une sorte de robot insatisfait de son labeur quotidien, il recherche des compensations extérieures et mord à l’hameçon des mille propositions récréatives savamment orchestrées par l’Etat. Perdu dans la foule et les diversions de toutes sortes, il en oublie son travail ennuyeux et devient ce citoyen soumis qui ne réfléchit plus, ni ne revendique d’autre statut. Quant aux nouvelles technologies, elles assistent l’homme en ses contradictions. Des échanges, des amitiés se créent qui ne sont que de la poudre de perlimpinpin. Des jeux, des achats et de multiples informations enregistrées à la va-vite occupent les esprits. Plus l’internaute se rapproche de son semblable dans le monde virtuel, plus il s’en éloigne dans la réalité. Plus les rites et coutumes caractérisant les diverses communautés du monde lui sont accessibles, plus il s’attache à retrouver ses racines. Contrairement à l’ouverture d’esprit escomptée, nous assistons à un repli sur soi désespérant. Nous sommes devenus distraits, soumis et accros à cette «machinerie» qui nous éloigne peu à peu de l’essentiel et du vrai but de la vie.
Contradictions encore dans ce pays d’accueil qu’est la Suisse, reconnue pour ses nombreuses interventions humanitaires à l’étranger et base de la Croix-Rouge. Où donc est passée la capacité d’empathie qui nous caractérisait et stimulait notre attention à l’autre? Est-on encore capables d’imaginer le cruel destin d’un homme quittant femme et enfants, quittant aussi son pays, sa langue, ses traditions pour un ailleurs totalement inconnu? Sait-on que l’espérance de ces hommes démunis, seuls et déboussolés qui arrivent en Suisse ou dans les pays environnants retombe plus vite qu’elle n’est venue? Nos regards en disent long face à ces importuns qui viennent tout simplement nous demander le pain qu’ils ne peuvent plus produire chez eux… N’oublions pas que nos sociétés du Nord sont en grande partie responsables du changement climatique qui appauvrit le Sud et provoque, par-là même, les mouvements migratoires. Le mot partage aurait-il fui notre vocabulaire? Allons! Allons… enfants de la patrie, secouons-nous, fermons un peu ces boîtes à distractions et regardons lucidement notre monde en déclin… Est-ce bien celui que nous voulons léguer aux générations qui suivent?