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De nos jours, tout le monde bouge: un père de famille traverse la moitié de la terre pour participer à un séminaire, tandis que son épouse ira de ville en ville pour effectuer au mieux son travail de représentante. Leur fille, égarée dans une université d’Europe, et leur fils, trop jeune pour pouvoir fuir aussi loin, prendra le train pour Yverdon tous les matins. Un mari quitte sa femme pour la sœur de cette dernière, une épouse largue son homme pour sa propre collègue, un cousin éloigné s’attache à une tante trop proche. Vous l’aurez compris; la mobilité est si courante qu’elle en vient à ne plus vouloir dire grand-chose.
Alors bien sûr, vous allez nous dire qu’il y a beaucoup de raisons valables de travailler loin de chez soi, d’enchaîner deux déménagements en peu de temps, d’étudier à l’étranger, de quitter son mari et de changer de chemise: les appartements en ville coûtent trop cher; le logement est trop grand et éloigné de la cité; et on aimerait étoffer aussi notre curriculum vitae. Enfin, nos époux ont pris du ventre et de l’âge, et nos chemises sont vieilles et sales.
Lorsque vous déménagez une fois, deux fois dans la même année, pensez-vous vraiment que votre couple se plaira mieux à la campagne avec un jardin et un nouvel écran plat? Et vous jeunes gens, pensez-vous que partir en claquant la porte et en laissant père et mère derrière vous cela vous apportera la liberté et le bonheur auxquels vous aspirez? Et puis vous, voyageurs, qu’allez-vous chercher aux confins du monde? Enfin, Mesdames, Messieurs, qu’ont fait vos époux et épouses pour que vous les dédaigniez ainsi?
La mobilité qui nous poussait autrefois à faire de nouvelles découvertes n’existe plus. Aujourd’hui, nous quittons maison, travail, femmes et enfant, pour une autre maison, un nouveau job, une jeune femme et surtout pas d’enfants. La mobilité n’est plus qu’un alibi à notre déracinement, une justification à notre quête continuelle du «mieux» et à notre bovarysme interminable.