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Fondée en 2010 à Berne, CIVIVA est une association qui a différents objectifs. Selon son site internet, elle veut notamment un service civil attractif et prometteur pour la Suisse. Elle a récemment remis son 7e prix qui récompense des personnes ou institutions qui ont défendu le droit à l’objection de conscience et promu le service civil comme une alternative au service militaire.
Cette année, ce prix a été remis à Daniel Gloor qui, le 16 mai 1967, alors qu’il allait passer son baccalauréat au gymnase de La Chaux-de-Fonds, a été emmené contre sa volonté à la prison de la Promenade, puis à l’Hôpital de Préfargier pour y subir un examen psychiatrique. A cette époque, les objecteurs de conscience étaient encore considérés comme des personnes anormales!
L’arrestation de Daniel Gloor a déclenché toute une série d’actions: cortège de protestation des élèves du gymnase à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel, articles dans les journaux, lettres de protestation au chef du Département militaire, intervention au Grand Conseil. Ces actions ont contribué à faire avancer la cause du service civil en Suisse et c’est ce qui a valu à Daniel Gloor d’être récompensé.
La cérémonie s’est tenue à la Bibliothèque de La Chaux-de-Fonds, ville qui, comme l’a relevé Sylvie Béguelin, la directrice de l’institution, a beaucoup œuvré pour le pacifisme. En présence d’un nombreux public et de Florian Schweri, responsable romand de CIVIVA, des allocutions ont été prononcées par Théo Bregnard, président de la ville, et Didier Berberat, conseiller aux Etats. Ensuite, Daniel Gloor a rappelé que son geste était un choix personnel et qu’il n’a jamais fait de prosélytisme.
Adepte de la non-violence
Mais qui est Daniel Gloor? Né le 14 octobre 1947 à La Chaux-de-Fonds, il a refusé un ordre de marche le convoquant pour effectuer l’école de recrue. Son attitude lui a valu 4 mois de prison, puis 6 mois (il a été libéré au bout de 4 mois), avant d’être exclu de l’armée. Pendant ses deux incarcérations, il a pu travailler à l’Hôpital de La Chaux-de-Fonds, dans le domaine des services généraux, de la cuisine et du jardinage.
À l’appui de son objection de conscience, Daniel Gloor invoque des raisons humanitaires. Il a notamment été influencé par la non-violence de Gandhi et par l’exemple de Pierre Ceresole et Edmond Privat.
Après avoir obtenu son baccalauréat, Daniel Gloor a suivi l’Ecole Normale. Il a commencé sa carrière comme instituteur aux Planchettes et a œuvré pendant 20 ans, jusqu’à sa retraite, au Centre IMC, s’occupant d’enfants handicapés.
Le service civil attaqué
En Suisse, le service civil est un service de remplacement du service militaire. La Loi sur le service civil, entrée en vigueur en 1996, est basée sur un article constitutionnel adopté en 1992. Le service civil a pour missions de résoudre le problème du refus de servir pour des motifs de conscience et de fournir des prestations civiles d’intérêt public dans des domaines où les ressources nécessaires sont absentes ou insuffisantes. Il s’inscrit dans le cadre de la politique de sécurité. Des établissements d’affectations d’intérêt général reconnus engagent les civilistes pour l’exécution de tâches inscrites dans des cahiers des charges.
Depuis plusieurs années, le service civil connaît un succès grandissant. La majorité de droite du Parlement, considérant qu’il fait de l’ombre au service militaire, a pris des dispositions pour le rendre moins attractif. En particulier, il est prévu que les civilistes ne pourront plus travailler à l’étranger. Cette décision est incompréhensive car les civilistes contribuent largement à la réputation de la Suisse à travers le monde. Mais, malheureusement, les militaires et beaucoup de leurs partisans considèrent que la défense nationale consiste principalement à se défendre contre un ennemi qui, aujourd’hui, n’existe plus.