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Décembre 2018
La politique du ruissellement est un échec
Auteur : Mousse Boulanger

Dans beaucoup de pays, notamment en France et en Suisse, les gouvernements pratiquent ce qu’on appelle la politique du ruissellement. Le but recherché est simple: pour que les pauvres soient moins pauvres, l’Etat fait en sorte que les riches soient plus riches.

En France, la théorie du ruissellement a refait parler d’elle depuis que le gouvernement a annoncé vouloir réformer l’ISF: une baisse d’impôts d’environ trois milliards et demi d’euros, qui devrait bénéficier aux plus riches des riches. Selon le gouvernement, ce coup de pouce aux plus fortunés profitera à tous, en dynamisant l’économie du pays.

Cette théorie, il faut l’affirmer bien fort, est un échec. Au lieu de distribuer les cadeaux fiscaux qu’ils ont reçus, les riches planquent leur argent dans les banques et spéculent. Ils ne consomment pas davantage car, quand on a les moyens de rouler en Rolls-Royce, il n’y a pas besoin d’en posséder trois. Par contre, améliorer les salaires de ceux qui sont au bas de l’échelle permettrait de favoriser la croissance et, ainsi, de dynamiser l’économie.

Le pauvre qui emprunte pour subvenir aux besoins indispensables de la vie passe pour fripon s'il ne peut rembourser, et l'on fait grâce au riche qui ne paye pas ses dettes quoi qu'il en ait tous les moyens! Quelle injustice!
– Axel Oxenstiern, Les réflexions sur la vie (1652)

Dans plusieurs cantons suisses, les législatifs et les exécutifs votent des baisses d’impôt qui profitent aux entreprises et aux riches. Et les milliards de manque à gagner seront compensés par des économies sur le dos des plus démunis (le Parlement a d’ailleurs refusé d’améliorer le sort des personnes qui touchent les prestations complémentaires) et par l’abandon de certaines prestations. Au pire, on privatisera des services, ce qui permettra aux actionnaires de s’en mettre plein les poches. Mais il faudra bien réfléchir: la Grande-Bretagne, pourtant dirigée par des conservateurs pratiquant un libéralisme sans complexe, vient de renationaliser certaines infrastructures que les privés avaient négligé d’entretenir.

Le Conseil fédéral, depuis qu’Ignazio Cassis a remplacé Didier Burkhalter, mène une politique toujours plus antisociale. Il y a des milliards pour des avions militaires, d’autres milliards pour les entreprises, mais presque rien pour l’AVS (on envisage d’augmenter les cotisations) et encore moins pour le social.

La Suisse est le pays le plus riche du monde, mais aussi un des plus inégalitaires. Il est temps que la population ouvre les yeux et n’envoie pas à Berne des personnes qui votent contre leurs intérêts. Est-ce une utopie que de vouloir un meilleur partage des richesses?

Mousse Boulanger

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