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Août 2017
La place de la mort dans nos imaginaires
Auteur : Yvette Humbert Fink

Cet article, reçu après coup, pour notre notre forum «Jean de la Fontaine»

Plutôt souffrir que mourir.
La mort et le bûcheron

«Un pauvre bûcheron,
tout couvert de ramée,
Sous le poids du fardeau
aussi bien que des ans
Gémissant et courbé
marchait à pas pesants…»

Le décor est planté… on imagine un paysan d’un autre âge auquel la vie n’a fait aucun cadeau. «Point de pain quelquefois et jamais de repos». Et d’énumérer ses malheurs: «Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, le créancier et la corvée, lui font d’un malheureux la peinture achevée…»

Il appelle la mort, elle vient sans tarder, lui demande ce qu’il faut faire.

On imagine le pauvre homme terrorisé par cette apparition! Dès 1424, première représentation d’une danse macabre à Paris, la mort sous la forme d’un squelette entraînant dans sa ronde les jeunes comme les vieux, les riches comme les pauvres, les hommes d’Eglise comme les hommes de Loi…

Deux leçons à en tirer: la survenue brutale mais inéluctable de la mort et l’égalité devant elle… si vous ajoutez à ce tableau les représentations chrétiennes de l’au-delà, les tympans d’églises sculptés de scènes d’enfer terrifiantes, on imagine aisément la frayeur de notre bûcheron. Inattendue, sa réponse vient:

« C’est, dit-il, afin de m’aider
À recharger ce bois; tu ne tarderas guère
»

Et La Fontaine de conclure:

« Le trépas vient tout guérir
Mais ne bougeons d’où nous sommes
Plutôt souffrir que mourir
C’est la devise des hommes.
»

On peut se demander quelle place tient la mort dans nos imaginaires, actuellement? Regrets, sans doute, pour certains de quitter ce bas monde, fatalisme lorsqu’on se sait la cible possible d’un tireur fou ou d’un conflit guerrier, espérance d’un monde meilleur parfois et, de plus en plus semble-t-il, refus de la souffrance, qu’elle soit physique ou psychique… le trépas, alors, vient tout guérir, faisant mentir notre fabuliste. Mais la question reste ouverte…

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