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Depuis plusieurs années, en raison notamment des slogans mensongers et excessifs de l’UDC, la Suisse a basculé dans le populisme. La droite nationaliste se radicalise et veut couper la Suisse du reste du monde. La droite libérale se laisse entraîner dans son sillage ou n’a plus que la déconstruction de l’Etat comme idéal. Le livre que vient de publier François Cherix vient donc à son heure pour essayer de répondre à une question toute simple: qui sauvera la Suisse du populisme?
La première phrase du livre résume tout: l’heure est grave. Et l’auteur ne mâche pas ses mots: «Les citoyens persistent à voir l’UDC comme un parti classique, alors qu’il s’agit d’un mouvement populiste, qui instrumentalise les peurs, dévoie la démocratie directe et détruit la Suisse en prétendant la sauver».
François Cherix fait une analyse sans complaisance du fonctionnement du pays: un système lent, des pouvoirs morcelés, des arbitrages biscornus, la peur des idées, le refus de s’engager, un manque d’anticipation, une concordance illisible, un système sans gouvernail, une réduction des problèmes sociétaux à des questions d’argent. On peut aussi se demander comment des ministres de gauche peuvent siéger aux côtés d’extrémistes de droite.
François Cherix s’en prend également au principe de l’initiative populaire qui fait l’orgueil de la Suisse: «L’observation du réel montre que le droit d’initiative populaire encourage souvent l’irresponsabilité collective». Il dénonce ceux qui utilise ce droit pour stigmatiser les étrangers, les immigrés, les demandeurs d’asile, les musulmans, les juifs, les pauvres, les assistés et les marginaux. Et de s’interroger: «La possibilité pour cent mille citoyens de faire voter sans garde-fou une nouvelle norme constitutionnelle constitue-t-elle une valeur ajoutée de la démocratie suisse?» Il ne propose pas la suppression de l’initiative populaire, mais une augmentation du nombre de signatures et son encadrement par une Cour constitutionnelle qui aurait la compétence de dire si elle est recevable ou non.
Et le populisme? L’auteur en donne une définition forte: «C‘est une eau puissante qui suit la pente et ravage tout sur son passage tant qu’on ne l’arrête pas. Lorsqu’il n’est pas combattu, il renverse d’une vague les édifices les plus patiemment construits». Il conclut en soulignant que les nationalistes ont construit leur dernier succès sur le slogan «rester libre», alors que toutes leurs politiques enferment les citoyens dans des situations sans issue . Il est de la responsabilité des Suisses et du Parti socialiste tout particulièrement de se réveiller.
Le livre de François Cherix, véritable électrochoc, doit absolument être lu par tous ceux qui s’intéressent à l’avenir de la Suisse. Un seul regret: que l’auteur ne parle pas de l’absence d’instruction civique à l’école et qu’il ne souligne pas les incohérences du Parti socialiste (le conseiller fédéral Alain Berset a été le plus grand démolisseur de l’initiative AVSplus lancée par son propre parti).