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Le 22 septembre 1934, La Sentinelle (journal des socialistes) écrivait: «Rappelons que La Chaux-de-Fonds possède comme armoiries une ruche, mais que la misère des temps en a transformé les abeilles en guêpes prêtes à piquer quiconque s’avise de planter son bâton dans le nid!» C’est par cette citation que commence le livre de Raymond Spira, qui a minutieusement relaté les événements qui se sont passés le 18 septembre 1934 à La Chaux-de-Fonds.
L’auteur, qui a été député socialiste et juge fédéral (et qui a écrit en février 2011 dans l’essor un article intitulé «L’Etat totalitaire et le droit»), a su décrire avec précision le climat qui régnait en Suisse quelques années avant la Seconde Guerre mondiale. Il y avait une extrême droite dont les membres étaient des admirateurs de Mussolini, de Franco, de Salazar et même d’Hitler. Il y avait aussi une extrême gauche qui admirait Staline et le régime communiste de l’Union soviétique. Là est le vrai danger, proclamait la droite face à une gauche affaiblie par ses divisions entre communistes, anarchistes, syndicalistes révolutionnaires, sociaux-démocrates qui s’épuisent dans des combats fratricides, lesquels ont fait le lit des fascistes en Italie et des nazis en Allemagne.
Le canton de Neuchâtel n’était pas épargné par ces querelles, qui ont parfois dégénéré en affrontements violents. Le 18 septembre 1934, l’Ordre national neuchâtelois (ONN), une organisation d’extrême droite, veut convaincre les ouvriers, dont beaucoup sont au chômage, de boycotter les grands magasins parce qu’ils font une concurrence déloyale aux petits commerces et qu’ils appartiennent à des juifs. Accueillis fraîchement par les antifascistes, les orateurs de l’ONN refusent d’accorder la parole à leurs contradicteurs, ce qui déclenche un énorme chahut. Après avoir évacué la salle, les adversaires se retrouvent à la place la Gare et certains en viennent aux mains.
Raymond Spira relate, avec la minutie d’un chroniqueur, les événements de ce soir-là, ainsi que les débats animés qui ont eu lieu dans la presse et au Conseil général. Il rapporte aussi l’épilogue de l’affaire qui s’est déroulé en janvier 1935 devant le Tribunal de police, lequel entendit une centaine de témoins et jugea quinze prévenus.
Grâce à sa connaissance du dossier et à sa plume alerte, l’auteur a réussi à faire revivre une page sombre de notre histoire. Espérons que les générations futures retiendront la leçon.