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«Moi j’m’en fous, je vote pas». Dans un pays démocratique comme le nôtre, une phrase comme celle-ci peut choquer mais n’est en aucun cas banale. Il suffit d’approcher les statistiques issues des dernières votations fédérales pour se rendre à l’évidence: les Suisses votent peu, les jeunes encore moins.
En tant que citoyen engagé, la vue de ces si faibles taux de participation me fait frémir. On a l’impression qu’une partie de la population a fini par considérer comme une corvée sans intérêt ce privilège dont certains se sont battus jusqu’à la mort pour l’obtenir. Ce droit d’exprimer librement son avis suscite encore beaucoup de convoitises et de rêves à travers le monde mais a été placé, dans nos pays occidentaux, au même rang que l’accessibilité à l’eau potable. Ouvrir le robinet est devenu une opération tellement banale qu’on en gaspille la précieuse ressource vitale qui s’en écoule.
Afin de ne pas s’arrêter qu’à la simple observation des faits, cherchons plutôt d’où peut provenir ce désintérêt de la politique par les jeunes générations. Il n’y a évidemment pas une unique raison mais plusieurs causes à considérer.
Commençons par prendre le contexte actuel que traverse notre pays. Ne nous le cachons pas, si on compare certaines périodes de l’histoire, la situation est au plus calme et c’est bien le problème: dès le moment où les libertés sont acquises, elles finissent malheureusement par perdre de leur valeur. On ne voit plus vraiment l’intérêt de se battre pour des sujets qui nous semblent lointains ou donnant l’impression de n’influencer que faiblement notre vie plutôt bien rangée.
Un autre facteur est le conflit générationnel. Vous pouvez toujours effectuer un sondage parmi les 18-25 ans et poser la question suivante: «Quelle est la moyenne d’âge d’un politicien?». On vous répondra certainement «soixante ans ou plus». Nul besoin d’être un expert en analyses pour déceler qu’une grande majorité a la certitude que la politique ne concerne et ne s’adresse qu’à la classe d’âge la pratiquant, c’est-à-dire «les vieux».
La fréquence et le nombre d’objets sur lesquels le peuple doit se prononcer a aussi sa part de responsabilité. En comparaison avec les autres pays européens, le citoyen helvétique est appelé aux urnes trois à quatre fois plus souvent. Que l’on soit bien d’accord, cette démocratie directe est un des piliers, une des grandes forces de notre nation et on doit le préserver coûte que coûte. Malheureusement, elle a un effet sur le taux de participation qui découle d’une perte de motivation face à la quantité de sujets soumis.
Au final, on se rend compte que les principales raisons de ce découragement sont l’ignorance et les préjugés. Une des solutions à ce type de maux est tout simplement de passer par l’information et donc l’éducation civique.
Une partie de la problématique se situe ici: en prenant l’exemple du canton de Neuchâtel, cette matière est dispensée en fin de scolarité obligatoire. Ces cours sont certes indispensables pour la culture générale et la compréhension du monde qui nous entoure mais interviennent trop tôt, ou plutôt ne sont pas assez longtemps enseignés au fil du cursus scolaire et préprofessionnel. En effet, les élèves ne sont âgés que de 14 ou 15 ans lorsqu’ils étudient le sujet, c’est-à-dire plusieurs années avant leur majorité et par conséquent le droit de vote. On ne peut que difficilement exiger d’un adolescent de retenir et garder jusqu’à ses 18 ans un minimum d’intérêt pour une matière vaste et à l’apparence si compliquée.
Pourquoi, dans la suite de son parcours, ne pas inclure simplement une instruction civique au même titre d’autres branches telles que l’histoire ou l’économie? On éviterait ainsi une rupture et cela permettrait de sensibiliser tout en pouvant répondre aux questions concernant cette nécessité précieuse qu’est le vote.
Pour clore, j’aimerais rappeler qu’il est de notre devoir en tant que citoyen engagé de vanter les mérites de notre démocratie, de conserver une qualité de débat ainsi que donner la meilleure image possible à la politique même si, malheureusement, nous devons de plus en plus faire face à un nivellement par le bas de la part de certains partis populistes.
Âgé de 25 ans, Romain Vermot, membre des Verts, est actuellement
président du Conseil général du Locle (législatif dans le canton de Neuchâtel).
À ce titre, il est premier citoyen de la ville.