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Il me semble qu’il serait judicieux de remplacer le terme de «personne handicapée» par «personne ayant un handicap». Le simple fait de dire «il est handicapé», renvoie la personne à son handicap. Avoir un handicap, ce n’est pas être réduit à celui-ci. Définir quelqu’un comme étant un handicapé, c’est une manière de gommer la personne qui est en elle, sa part d’humanité. D’où l’importance de changer de terme. Être porteur d’une différence plus ou moins visible est déjà difficile à vivre au quotidien.
Contrairement à des idées reçues, le handicap n’est pas une punition, ni une malédiction consécutive à une faute commise par un ancêtre et encore moins dans une vie dite antérieure. La personne handicapée n’est pas envoûtée. Elle est tout à fait capable de travailler, selon la gravité de son handicap. Dans le même registre, un enfant handicapé peut bien souvent être scolarisé, comme tous les autres enfants. Avoir un handicap n’est pas une honte pour sa famille, mais une charge supplémentaire pour celle-ci compte tenu du manque de structures adaptées aux différents handicaps. Il ne faut pas se fier aux apparences, dit si bien l’adage populaire. La véritable identité, l’appréhension du vrai ne se situent pas à la surface des choses et des gens.
Pourtant, l’image que nous renvoie notre miroir et le regard que nous portent les autres, ce miroir social déformant, ne sont pas anodins, il nous définit, car il veut nous situer vis-à-vis de la norme. Alors se pose la question: qu’est-ce que la norme? Comment la définir? Il ne faut pas perdre de vue que regarder et voir ne sont pas seulement des perceptions, mais des actes par lesquels se joue notre appartenance. Aussi, être regardé, c’est être humanisé ou déshumanisé, et par conséquent, si l’on suit cette logique, regarder, c’est être humain ou inhumain. A ce titre, nombre d’hommes et de femmes atteints dans leur intégrité physique ou psychique disent souffrir davantage du regard posé sur eux que de leurs propres limitations intellectuelles ou physiques. L’histoire du regard social porté sur le handicap est faite de préjugés, de raccourcis. Rejeter l’autre, c’est une manière de juger ces gens-là, de les catégoriser hors norme, de les mettre au ban de la société. Mais alors, quelle est cette norme et d’où vient-elle? Elle se trouve à la croisée de l’individualisme et du consumérisme. De nos jours, l’apparence est reine, et l’hédonisme triomphe. Les corps sont devenus des marchandises, et bon nombre de chirurgiens plastiques font leur beurre.
Quelle responsabilité individuelle et collective portons-nous à travers le regard que nous posons sur le handicap? N’oublions pas que nous sommes tous des handicapés de la vie, en quelque sorte, chacun à sa manière. Nul n’est parfait, bien heureusement! Nous ne sommes qu’un maillon de la chaîne de la diversité et chaque individu a droit au respect et à la considération de tout un chacun. Appliquons le «vivre ensemble», faisons en sorte de faciliter la vie de ceux et celles qui sont porteurs de petites fautes de frappe génétiques. Essayons d’améliorer leurs conditions de vie en commençant par les considérer comme nos égaux.