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En s’engageant pour la sortie du nucléaire, le Conseil fédéral et une majorité du Parlement ont opté pour la fuite en avant et cela uniquement pour des considérations idéologiques. Or, maintenant que nous entrons dans le vif du sujet, on s’aperçoit que la réalité du terrain est bien plus complexe. Il est tout particulièrement évident que le facteur temps a largement été sous-estimé pour réussir une telle mutation énergétique du pays. L’UDC a, dès le début, fait part de son inquiétude et de son scepticisme face à une stratégie inadaptée qui risque de conduire notre pays vers une impasse et de grosses difficultés.
L’approvisionnement en électricité du pays doit impérativement être fondé sur des principes réalistes et reposer sur des technologies éprouvées et actuellement disponibles. Le passage d’une production centralisée d’électricité à un système décentralisé qu’implique la substitution de l’énergie nucléaire par des nouvelles énergies renouvelables impose des charges considérables au réseau électrique. Pour nous, il est en outre exclu de compromettre ainsi la sécurité d’approvisionnement du pays et de prendre le risque de mettre en danger la prospérité de la Suisse en multipliant les mesures coercitives, les nouvelles taxes et autres redevances. Or, la Stratégie énergétique 2050 du Conseil fédéral a pour défauts majeurs de laisser de côté des critères essentiels; elle n’est en effet ni fiable, ni financièrement supportable pour l’économie et les citoyens de ce pays et en outre, elle risque d’augmenter fortement notre dépendance envers l’étranger.
Un des seuls points sur lesquels nous rejoignons l’appréciation du gouvernement, c’est l’absolue nécessité de maintenir en fonction les centrales nucléaires existantes jusqu’à la fin de leur durée de vie et aussi longtemps que leur sécurité est garantie sous la supervision de l’Inspection Fédérale sur la Sécurité Nucléaire (IFSN).
Même si actuellement, la production électrique d’origine hydraulique traverse une phase difficile du fait des subventions massives et déraisonnables que l’Allemagne alloue aux nouvelles énergies renouvelables, il faut exploiter le potentiel encore existant dans ce secteur d’ici 2030 (3TWh environ). Pour cela, il est impératif d’améliorer les conditions-cadres régissant cet agent énergétique; cela implique d’accélérer les procédures et de supprimer ou à tout le moins restreindre fortement le droit de recours des associations dans ce domaine. Il en va de même en ce qui concerne les nouvelles énergies renouvelables (vent, biomasse, soleil). Pour autant, il faut garder les pieds sur terre! Les «visions» du Conseil fédéral en la matière sont en effet totalement illusoires. Vouloir produire 4 TWh par la seule force du vent exigerait, en fonction de la taille des turbines et de la durée du vent, plus de 1000 éoliennes, soit une tous les 300 à 400 mètres entre le lac Léman et le lac de Constance! Néanmoins, nous estimons que par ces différentes mesures, nous pourrons remplacer deux centrales nucléaires d’ici 2030.
Mais, de notre point de vue, il faudra également remplacer une troisième centrale nucléaire (3TWh) d’ici là et compenser en parallèle une hausse de la consommation d’électricité que nous estimons à 0,5% par année. Seule, la construction d’une centrale nucléaire de nouvelle génération pourra permettre d’absorber ces 6 TWh qui manqueront à ce moment-là sans augmenter dramatiquement notre dépendance envers l’étranger. Dans l’hypothèse où le peuple refuserait cette option, il faudra inévitablement faire appel, à tout le moins de manière transitoire, à des importations onéreuses d’électricité ou recourir massivement à des énergies fossiles (charbon, pétrole, centrales combinées à gaz (CCF) avec le grave défaut de générer de fortes émissions de CO2.
Le remplacement ultérieurement des deux dernières grandes centrales nucléaires (Gösgen et Leibstadt) pourra se faire soit par des technologies modernes (géothermie profonde), soit par des centrales nucléaires de nouvelle génération.
La stratégie de la Confédération, elle, ne propose pas de marche à suivre convaincante, n’apporte aucun chiffre crédible ni échéances et projets clairement définis. Nous exigeons que le coût de l’opération soit clairement présenté dans son ensemble à la population et que simultanément, toute la stratégie soit soumise le plus rapidement possible au souverain. Cela aurait le mérite de lever les incertitudes et de mieux garantir la sécurité de la planification.
Dans une société développée comme la nôtre où la nécessité de diminuer notre dépendance des agents énergétiques fossiles apparaît comme une nécessité, il ne faut absolument pas exclure a priori pour des raisons dogmatiques telle ou telle source d’énergie. L’électrification toujours plus poussée des processus économiques, l’augmentation régulière de la population sont autant de facteurs qui vont conduire à une hausse de la consommation d’électricité et cela malgré toutes les mesures de meilleure gestion des agents énergétiques qui seront prises ces prochaines années.
C’est pourquoi, après les grandes décisions émotionnelles de 2011, les exercices pratiques pour éviter des lendemains douloureux à notre pays s’annoncent plutôt périlleux! Et si, malheureusement, le Conseil fédéral et la majorité du Parlement devaient persister dans l’utopie en refusant de prendre en compte la réalité du terrain, alors il y a fort à parier que notre pays voie sa dépendance énergétique envers l’étranger augmenter fortement et qu’il se retrouve tôt ou tard dans une impasse économique dramatique.
Guy Parmelin, conseiller national UDC-VD