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Nous avons déjà publié l’Appel de Genève II dans notre numéro de juin 2013. Nous le reproduisons à nouveau car il s’intègre totalement au forum de ce numéro. Nous y ajoutons la liste des signataires initiaux.
Les catastrophes nucléaires de Tchernobyl et de Fukushima ont eu lieu à 25 ans d’intervalle. Pourtant, on nous avait assurés que de tels accidents étaient quasiment impossibles! Nos responsables politiques l’ont cru, et nous aussi. En réalité, la probabilité d’un tel accident est impossible à calculer. Mais elle fut estimée à une fois en cent mille ans. La triste vérité est que ce fut deux fois en vingt-cinq ans. Il y a aujourd’hui quelque 440 centrales nucléaires actives dans le monde. La prochaine catastrophe se produira n’importe où, n’importe quand. Et l’état actuel de ces centrales vieillissantes ne peut qu’augmenter la probabilité d’un accident.
L’inventaire radioactif généré par ces installations est terrifiant: il peut exterminer chaque habitant de notre planète, et cela plusieurs dizaines de milliers de fois! Il suffit qu’une infime fraction de cet inventaire s’échappe dans la nature pour provoquer une catastrophe. N’oublions jamais que tout ce qui peut arriver finit par arriver… Tchernobyl et Fukushima en sont la double preuve.
Le seul et unique moyen d’éliminer ce risque est d’arrêter ces centrales, d’y entreposer les déchets qu’elles ont produits, d’extraire le combustible irradié et le conditionner sur place dans des containers adéquats, puis de transformer le site en mausolée. Ces mausolées seront autant de témoignages évoquant pour les générations futures les conséquences des risques technologiques non maîtrisables.
Au lieu de tenter de nous faire oublier les catastrophes déjà subies, les Etats, les institutions internationales et les pouvoirs économiques devraient décider l’abandon du nucléaire pour aborder la transition vers le tout renouvelable, parfaitement en mesure d’assurer la relève à condition que l’on cesse d’entraver son développement. On ne peut pas prendre encore le risque d’un accident nucléaire meurtrier qui rendra inhabitable d’immenses territoires pendant des siècles, sous prétexte d’un besoin douteux en électricité. N’oublions pas que l’on a décidé de construire des centrales nucléaires pour ensuite se demander comment vendre le courant ainsi produit. Ce qui a conduit les compagnies d’électricité à promouvoir diverses aberrations énergétiques telles que le chauffage électrique, le développement inconsidéré de l’éclairage public, notamment.
Le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable; son abandon est donc inéluctable. Tout retard ne fait qu’augmenter le risque d’une prochaine catastrophe. C’est la seule attitude responsable. C’est notre seul moyen de limiter les problèmes insolubles que nous léguerons aux générations futures.
Pierre Lehmann, physicien nucléaire; Paul Bonny, citoyen de Genève; Ivo Rens, professeur honoraire de l’Université de Genève; Yves Lenoir, ingénieur; Rémy Pagani, maire de Genève; Michèle Rivasi, fondatrice de la CRIIRAD, députée européenne; Wladimir Tchertkoff, vice-président Enfants de Tchernobyl-Bélarus; Alexey V. Yablokov, professeur Académie des sciences de Russie; Anne-Cécile Reimann, présidente ContrAtom, Genève; Luc Recordon, conseiller national; Wataru Iwata, citoyen japonais; Michel Fernex, professeur émérite, Faculté de Médecine, Bâle; Roger Nordmann, conseiller national; Liliane Maury Pasquier, conseillère nationale; Bruno Barillot, lauréat du Nuclear Free Future Award 2010, Polynésie française; Philippe Lebreton, professeur honoraire, Université Lyon 1; Victor Ruffy, ancien président du Conseil national; Jean-Robert Yersin, député vaudois; Robert J. Parsons, journaliste; Isabelle Chevalley, conseillère nationale; Luc Breton, ancien expert en radioprotection, Institut Suisse de Recherche Expérimentale sur le Cancer, Epalinges; Yves Renaud, diplômé du CNAM de Paris; Jürg Buri, directeur Fondation Suisse de l’Energie, Zurich; Frédéric Radeff, citoyen de Genève; François Lefort, professeur HES, député au Grand Conseil de Genève; Walter Wildi, professeur géologie, Université de Genève; Joel Jakubec, pasteur de l’Eglise protestante de Genève; Danielle Martinet, citoyenne de Genève; Cyril Mizrahi, ancien Constituant à Genève; Manuel Tornare, conseiller national, ancien maire de Genève, Salima Moyard, députée au Grand Conseil de Genève; Guillaume Mathelier, maire d’Ambilly; Edouard Dommen, éthicien; Micheline Calmy-Rey, ancienne présidente de la Confédération; Renaud Gautier, député au Grand Conseil de Genève; Pierre Mercier, professeur honoraire de l’Université de Lausanne;.