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Avril 2013
Les diffuseurs d’annonces
Auteur : Emilie Salamin-Amar

Dans l’idéal, les médias devraient remplir au moins trois principales fonctions. En premier lieu, ils sont supposés nous informer de ce qui se passe près de chez nous, ainsi que dans le vaste monde. La deuxième fonction des médias n’est pas des moindres, ils ont un autre rôle, tout aussi important, c’est celui d’éduquer les populations en portant à leur connaissance les avancées techniques, scientifiques, sociales et autres précieuses informations concernant le quotidien. Enfin, le troisième rôle des médias est de divertir ses lecteurs, téléspectateurs ou autres auditeurs.

Mais, en réalité, quel est le véritable rôle joué par les médias de tous bords, plus précisément dans cette médiation du savoir, de l’éducation et du divertissement? Je pense que c’est selon le degré de liberté qui règne dans les différents Etats, ce qui veut dire que c’est selon le climat politique ambiant. Et c’est la raison pour laquelle les médias revêtent des rôles variés et sensiblement différents d’un pays à un autre. Il ne faut pas perdre de vue que les médias peuvent être également des moyens de communication, d’endoctrinement et de désinformation qui peuvent servir une cause ou une autre. Ils distribuent donc des messages politiques, informatifs, éducatifs, divertissants, sans oublier les messages publicitaires vantant les bienfaits d’une marque, à des publics divers et variés. C’est le propre, en effet, des médias dans nos sociétés actuelles, modernes, dites du savoir ou de la connaissance. Mais, en y regardant bien, leur rôle est tout de même un peu plus complexe.

Si l’on prend par exemple le cas des médias publicitaires de masse, la propagation se fait dans le sens «un vers tous», c’est-à-dire que le message est émis par un seul et unique émetteur, qu’il soit un professionnel de la production, de la mise en scène ou d’une quelconque manifestation artistique, afin d’informer le plus grand nombre. Dans ce rôle d’informateur, on peut dire que les médias d’aujourd’hui remplissent plus ou moins bien leur fonction.

Mais cette vision des médias comme «diffuseurs d’annonces» est très réductrice. Pour ce qui est de l’information politique nationale ou internationale, les médias devraient informer plus objectivement le public; or ils travaillent pour le plus offrant! La liberté de la presse devrait s’astreindre à ne diffuser que de l’information juste et vérifiée. Elle devrait être fondée sur des principes moraux, tant pour le journaliste que pour les lecteurs: car informer ne veut pas dire salir, souiller, introduire des suppositions, faire de la surenchère, créer l’événement à sa sauce. En clair, cela s’appelle faire de l’audience, du chiffre. Ceux qui agissent ainsi au sein de cette noble profession ne sont pas de vrais journalistes, ce ne sont que des scribouillards commerciaux! Comment le peuple peut-il développer son sens critique, si l’article ou le contenu du prêt-à-gober est dépourvu d’une analyse de fond, objective, avec du pour et du contre, laissant ainsi au lecteur un espace de liberté pour se faire sa propre opinion sur un sujet ou un autre.

Messieurs les journalistes, les fonctions «copier-coller» devraient être bloquées sur vos ordinateurs. A quoi vous sert-il d’avoir une multitude de sources, de supports si, au bout du compte, l’information est partout la même? Je fais allusion, bien entendu, à la propagation de la pensée unique. Grâce, ou à cause du battage médiatique, ils font naître en nous un sentiment d’appartenance, d’identification, puisqu’ils font en sorte que nous nous référions aux mêmes spectacles, aux mêmes textes, si bien que nous finissons par avoir un imaginaire commun… et ça, c’est terrifiant!

Pourtant, les médias remplissent bien d’autres fonctions, celle de la mémoire, par exemple, ils gardent la trace de certaines informations, ce qui constitue au fil du temps, des archives, certes incomplètes, destinées aux générations futures. Ils ont également un pouvoir important sur tout ce que l’on doit lire, voir ou savoir, qu’il s’agisse d’œuvres littéraires, de films, d’expositions ou de thèmes, dits à la mode. Ils sont rassembleurs de foules, puisqu’ils déterminent des courants de pensée et génèrent des débats d’idées, seule ombre au tableau, cette dictature de l’image qui en fait, nous soumet en permanence à des représentations mentales universelles. Finalement, je dirais que le métier de journaliste est une profession très difficile. Essayez d’être humble et intègre et n’oubliez jamais que lorsque l’on ne sait pas… il est préférable de se taire!

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