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Au lieu de chercher à réduire les quantités d'eau usée, on a pratiqué la fuite en avant et mis en place une politique dite d'assainissement qui consiste à introduire les eaux usées dans des canalisations pour les acheminer vers des stations d'épuration (STEP). Cette activité a transformé un problème de protection de l'environnement en une activité économique consistant à poser des tuyaux et couler du béton, activité certainement très lucrative qu'il fallait promouvoir à tout prix.
On a donc promulgué la loi fédérale sur la protection des eaux, laquelle a érigé la centralisation en principe. Le raccordement au réseau d'égouts aboutissant à une STEP a dès lors été considéré comme la seule solution acceptable. Cette loi a permis à une caste de technocrates de se présenter comme les seuls détenteurs de la vérité en matière «d'assainissement» et a imposé des raccordements même dans les cas où ils étaient manifestement néfastes pour la protection des eaux.
L'identification entre assainissement et raccordement n'a pourtant aucune justification d'ordre général. Si elle peut se comprendre dans le cas urbain, elle devient franchement aberrante en zone rurale. Dans tous les cas en ville comme à la campagne, elle a le grand défaut de réduire la protection des eaux à un problème de tuyaux et de traitement d'eaux usées et d'escamoter la cause première de la pollution qui est l'usage abusif de l'eau et son utilisation pour évacuer des substances qui n'ont rien à y faire. Le problème principal se situe à l'entrée du tuyau, pas à sa sortie. On peut même considérer que le problème est en fait le tuyau lui-même, car il évacue la pollution de l'endroit où elle est produite et où elle devrait être prise en charge pour l'évacuer vers un hypothétique infini dont le pollueur n'a pas à se préoccuper.
Le théorème fondamental de la protection des eaux affirme que l'eau qui pose le moins de problèmes est celle que l'on n'a pas salie. Ce théorème est studieusement ignoré par les technocrates des services des eaux. Son application permettrait pourtant des économies considérables et une meilleure protection du milieu vital. Le toilette sec– ou à compostage – en est la meilleure illustration. Il transforme les déjections humaines directement en engrais sans utiliser d'eau du tout. Contrairement à ce qu'on semble croire officiellement, son utilisation est possible même en ville et n'implique pas de travaux pénibles. Il offre un confort équivalent au WC avec en plus l'avantage, s'il est correctement mis en œuvre, de ne pas produire d'odeurs dans le local de toilette.
Le malheur est que les responsables des services des eaux sont en général ignares en la matière. Dans le canton de Vaud, l'association Picabio a proposé des toilettes secs pour les manifestations. A la place de soutenir cette excellente initiative, le responsable du service des eaux a prétendu qu'elle allait provoquer des nuisances «terribles» (24 Heures du 14.8.2006) dues à des mouches et des odeurs, ce qui prouve seulement qu'il ne comprend rien au compostage. L'économie d'eau que permettent les toilettes secs est considérable. Avec les WC, les citoyens gaspillent journellement environ 60 litres d'eau, ce qui représente pour la Suisse avec une population de plus de 7 millions d'habitants une rivière d'un débit de 5000 litres par seconde.
Pour sortir de cette aberration, il faudrait inverser la logique de la loi et exiger que,dans toute la mesure du possible,les eaux usées soient traitées le plus près possible du lieu de production, le raccordement à l'égout n'étant autorisé que si aucune prise en charge locale n'est possible.
Les méthodes décentralisées existent et ont fait leurs preuves. La fosse septique suivie d'une infiltration dans le sol a été couramment utilisée dans le passé et survit encore aujourd'hui. Moyennant un suivi correct, cette méthode reste parfaitement valable. Et n'oublions pas que le sol est le meilleur épurateur connu. De plus, il fait le travail gratuitement.