Clémentine Autain, Editions Stock, 2012
Le sous-titre de ce livre est bien formulé: de la classe ouvrière au précariat. En 100 pages à peine, Clémentine Autain explique pourquoi le peuple s'est réfugié dans l'abstention et, pire encore, vote pour le Front National. En suisse, c'est le même problème, avec l'UDC à la place du Front National. L'auteur connaît bien le sujet car elle a été adjointe au maire de Paris et elle est actuellement animatrice de la Fédération pour une alternative sociale et écologique, membre du Front de gauche et engagée dans la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon.
Pour Clémentine Autain, «Le peuple» avait disparu de notre vocabulaire. Même à gauche, la référence ne faisait plus recette et le mot paraissait démagogique ou ringard. Le peuple morcelé, atomisé, avait quitté l'imaginaire collectif. En des temps marqués par l'atonie des idéaux et la baisse de la conflictualité politique, on lui préférait «l'opinion», «les gens» ou «l'électorat». Et voilà que le peuple fait son retour. Dans le débat public, dans les discours politiques, la référence n'est plus boudée.
Un petit extrait de l'ouvrage: «Reprendre langue avec le peuple, c'est déconstruire les discours qui le traitent avec condescendance, qui entendent le mettre à distance de la politique. Or, au moment même où le peuple reprend de la vivacité, de la place Tahrir à Occupy Wall Street, il est considéré par une partie des élites comme suspect et dangereux». Le livre de Clémentine Autain doit absolument être lu par tous ceux qui s'inquiètent de la dérive élitiste de la politique.
En conclusion, je me permets de citer un souvenir: quand j'ai commencé mon engagement politique en 1964, presque la moitié des députés de gauche du canton de Neuchâtel étaient des ouvriers ou des employés de la base. Maintenant, ils se comptent sur les doigts d'une seule main. Il est temps qu'on leur redonne la parole et qu'ils ne soient pas seulement des candidats-alibi sur les listes électorales.