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Les responsables économiques oublient que la croissance est, telle celle du nénuphar, exponentielle! Mais, contrairement à ce que l’on croit généralement, cette pensée unique néolibérale ne nous a amené que des déboires et le martèlement médiatique et la réitération quotidienne des déclamations affirmatoires des tenants du libéralisme aggravent nos soucis pour notre avenir.
On essaie de nous persuader que la croissance serait le fondement de l'économie et qu’elle amènerait la prospérité. Or cette croissance n'est qu'un avatar pour justifier l’autorité de ses théologiens. Par la croissance, on cherche d'abord son pouvoir, ses richesses, son exclusivité et son élitisme.
C’est la croissance qui nous a amené à la catastrophe sociale actuelle et les problèmes de société actuels ont surgi par la faute de cette croissance non maîtrisable. Tous les problèmes de société, de «la décadence des jeunes», à «l’imbécillité des gens», jusqu’à l'être humain devenu «consommateur», ne sont que la conséquence d'une manque de réflexion affligeant provenant d'une volonté de diriger ce monde sans et au-dessus du petit peuple laborieux sans pouvoir. Les seules choses qui «croissent» en ce bas monde, ce sont les cellules cancéreuses, la pollution industrielle, les voitures automobiles, la violence, la guerre et le pouvoir politique et tout cela a une fin – le cancer tue les corps complexes, la pollution et les voitures tuent la vie, la violence entraîne la violence radicale et le pouvoir politique corrompt. Quelles seront les conséquences de la croissance? Une race humaine de dix ou vingt milliards d'individus et des voitures automobiles submergeant les terres fermes, des villes suffoquant toute la campagne, une multitude de cancer nous obligeant à consacrer la totalité de nos richesses gagnées sur le dos du tiers-monde pour simplement garder en vie les riches nababs que nous sommes ?
La croissance est une manière commode pour «expliquer» le monde mais cela se fait en dépit d'une compréhension plus «humaniste» et «holistique» des motivations des hommes. Malgré les capacités des hommes de s'adapter, le nombre «croissant» de cas de maladies respiratoires, de système immunitaire effondré, de crétinisme galopant, nous inciteraient à rester très prudent et de voir la réalité en face – une prospérité amené par la croissance est mortifère. Les deux tiers des habitants de cette planète ne jouissent pas de nos privilèges et la pollution provenant notamment des USA soi-disant en forte croissance affecte déjà tout le monde. A supposer que tout le monde vive comme nous, il n'y aurait tout simplement pas assez d'air, d'eau et de place pour toute cette prospérité. Il est donc impossible de se fixer comme but la croissance car elle nous mène à des situations tout simplement incompatibles avec un développement sensé de la vie intelligente sur cette terre. D’autant plus que la croissance sous-entend la compétitivité, l'exclusivité et la guerre pour conquérir sa place, installer son pouvoir. En fait, la croissance nous promet des lendemains qui pleurent.
Mais pourquoi les économistes insistent-ils sur une théorie basée sur des concepts darwiniens complètement dépassés? Pourquoi insistent-ils sur une philosophie favorisant l'élitisme, la dictature du fric, le despotisme politique, la destruction de la Terre? Car, que nous le voulions ou pas, le monde étant un espace fini, les ressources étant limitées, la population ne pouvant «croître» infiniment, la théorie (spécieuse) de la croissance, en tant que manière de fonctionner, est carrément suicidaire. La théorie de la croissance se base sur des idées du 19e siècle où les valeurs telles que «progrès», «création de richesse», «compétitivité», «rapport de forces», «nation», etc. nous soumettent à une dictature que les milieux de droite ne cessent de dénoncer surtout si c'est le fait de régimes populaires autoritaires. La croissance ne peut être un moteur, ce n'est qu'un des symptômes d'un dysfonctionnement grave au même titre que la croissance de la délinquance juvénile, de la dépendance à la drogue et l'alcool, de la criminalité routière et en col blanc, et beaucoup d'autres choses encore.
Dans ce monde meurtri par une croissance magnifiée, nous ne pouvons plus maintenir un optimisme dans le progrès technologique et espérer que nos autorités élues se mettront à réfléchir sur des bases plus élevées et plus humanistes et plus holistiques que celles qu'ils nous ont servi jusqu'à présent. Tant que nous n’arrivons pas à partager quelques points de vue sur lesquels on pourrait être d'accord, jamais on arrivera à faire vivre des milliards de gens sur une terre très finie, très limitée, très petite. La croissance ne peut pas en aucun cas «régler» les problèmes du monde.
Si nous devons nous investir dans une utopie, alors c'est dans des relations constructives non financières entre tous les êtres humains qu'il faut le faire dès à présent !
C'est d'empathie, de valorisation non pécuniaire du travail humain, de recherche de modes de fonctionnement loin de des rapports de forces qu'il nous faut pour demain.
C'est de solidarité entre les gens qu'il nous faut pour un futur vivable pour tous.