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Décembre 2007
Impossible de ne plus faire confiance à la jeunesse
Auteur : Christiane Roullier

Drôle de sentiment en me penchant sur ce thème de la jeunesse, sentiment qui est peut-être aussi le vôtre: grand malaise et tristesse. Malaise dans le sens où nous sommes tous responsables de la société telle qu’elle se présente aujourd’hui et tristesse de constater à quel point la jeunesse est victime de la confusion et de la folie qui prévaut. Voilà notre société insidieusement, qui s’organise en classes, en catégories, en séparations stupides et discriminatoires, en idéologie malsaine: les riches, les pauvres; les doués, les imbéciles; les blancs, les colorés; les civilisés, les casseurs, etc.

Étrange démocratie en vérité, si l’on s’en réfère au sens premier de ce mot: «respect de la liberté et de l’égalité des citoyens». Dans une société qui elle-même ne se respecte plus et bouscule toutes les valeurs sociales et morales, comment notre jeunesse parviendrait-elle à s’y retrouver? Le chacun pour soi, le manque de temps, les nouvelles technologies qui détruisent les liens sociaux engendrent un sentiment de compétition et de peur de l’exclusion chez nombre de jeunes qui auraient besoin d’être écoutés, guidés, aidés pour s’engager sur leur propre chemin. Encore faut-il qu’il y ait un chemin et une place pour eux, des possibilités d’apprentissage et de travail, des moyens pour exprimer leurs qualités individuelles afin qu’ils trouvent aussi un sens à leur vie…

L’organisme «Travail.Suisse» rappelle que 11 000 personnes n’ont pas trouvé de place d’apprentissage en 2007 malgré leur intérêt et que la liste d’attente pour 2008 concerne plus de 20 000 jeunes.

Il est évident que les problèmes liés à la violence doivent se résoudre à la base, c’est-à-dire au sein de la famille et dans le cadre de l’école. Les enfants trop ou mal aimés manquent de structures, d’une éducation où l’altérité doit avoir sa place, où la violence pourrait se transformer en actes de création et non de destruction. Au lieu de réduire sans cesse les budgets destinés au secteur scolaire et social, l’Etat doit envisager la formation d’éducateurs en plus grand nombre de manière à mieux encadrer la jeunesse. Cependant, malgré la bonne conjoncture, on ne semble guère se soucier, en haut lieu, de soutenir les laissés-pour-compte. Ainsi se met-on à multiplier les interdictions, à condamner, à emprisonner nos jeunes…

Mais où en sommes-nous? Désirons-nous fabriquer des bombes à retardement qui viendront compléter la lourde ambiance actuelle? Les médias se plaisent à commenter en les amplifiant les problèmes de la violence des jeunes et ceci dans le seul but d’attirer un plus grand nombre de lecteurs. Mais les jeunes qui sont équilibrés et bien dans leur peau, ceux qui ne font pas vendre les journaux… il en existe pourtant. Pour ma part, impossible de ne plus faire confiance à nos adolescents.

Nous avons eu, tour à tour, les «beatniks», les «blousons noirs», les «hippies». Notre jeunesse a ses pearcings, ses chaînes, ses tenues provocantes et ses crêtes. L’important n’est-il pas de voir ce qu’il y a sous la crête, qu’elle soit jaune ou verte?

Quelques mots encore extraits de la dernière conférence de Georges Haldas, au restaurant Le Milan, lors d’un Café théologique. Cet écrivain et poète prend pour exemple la violence qui règne dans la nature (entre espèces animales ou les phénomènes naturels) et la violence que peut développer l’être humain. Contrairement à ce qui se passe dans la nature, les hommes ont conscience du mal que va provoquer leur violence, la violence corporelle étant la conscience pervertie. Georges Haldas rappelle que la toute puissance est le fléau à l’origine de toutes les violences et que c’est au niveau de la conscience que la paix peut venir. Connu pour ne pas mâcher ses mots, il pense que l’armée représente la violence latente et qu’il faut la supprimer, le service militaire n’étant qu’une école du meurtre. Il dénonce encore la violence légalisée dans une démocratie où les chefs d’entreprises s’octroient des salaires indécents quand les humbles n’ont pas assez pour vivre. Et c’est sur une belle parole que Georges Haldas a terminé sa conférence: «Toute âme qui s’élève élève le monde».

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