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La diversité des tâches et fonctions attribuées au médecin cantonal suisse est extrêmement variable. Les médecins cantonaux ont un peu le sentiment d’être un mouton à cinq pattes. Dans la pratique, il y a autant de moutons à cinq pattes qu’il y a de médecins cantonaux. Seuls points communs: la prévention des maladies transmissibles et le contrôle des professionnels de la santé.
La prévention des maladies transmissibles est inscrite dans la Loi fédérale sur les épidémies du 18 décembre 1970 ainsi que dans les diverses ordonnances qui lui sont liées. L’Etat fédéral voulait ainsi disposer d’un outil de prévention des épidémies dans chaque canton. Si de par le passé l’intervention du médecin cantonal était plutôt ponctuelle, liée à des cas de méningite, de contamination d’un fromage local, d’eau potable ou d’autre flambée limitée d’une infection, l’apparition de nouveaux germes, mondiaux, a profondément modifié les exigences de cette «garde épidémique». Le mode de transmission et la virulence de ces nouveaux germes ne sont pas connus. De plus la grande mobilité des habitants de notre planète rend leur propagation rapide et immédiatement mondiale.
Pour exemple, la dernière épidémie de ce type, par le virus SARS, a débuté avec un seul malade, médecin voyageur qui transmettra en quelques heures le virus à 14 clients de son hôtel à Hong Kong. Ces derniers en quatre mois ont à leur tour transmis le germe à 250 autres personnes, dans le monde entier. Pour la région administrative de Hong Kong, le coût sur six mois de cette épidémie a été évalué à plusieurs milliards de dollars. Aujourd’hui, nous sommes tous dans l’expectative d’une nouvelle grippe, la grippe aviaire qui pourrait bien toucher des millions de personnes, en tuer tout autant et mettre l’économie mondiale à plat pour plusieurs mois si rien n’était prévu pour enrayer sa progression. Tout cela pour vous dire que le souci actuel des médecins cantonaux est de disposer d’un plan pandémie, plan qui doit être en harmonie avec le plan de la Confédération et doit être compatible avec les plans pandémie des autres cantons.
Le contrôle des professionnels de la santé est l’autre tâche assumée par l’ensemble des médecins cantonaux suisses. Toute personne qui souhaite pratiquer à titre indépendant une profession de la santé doit disposer d’un droit de pratiquer. Ceci concerne les professions médicales au sens strict (médecin, médecin-dentiste, médecin-vétérinaire, pharmacien et chiropraticien) mais également d’autres professions comme celles, entre autres, d’infirmier, de sage-femme, de physiothérapeute, d’ostéopathe, qui tous doivent disposer d’une autorisation de pratiquer s’ils veulent exercer leur art de façon indépendante. Le Service de la santé publique, qui délivre ces autorisations, exige pour cela la jouissance des droits civils, une formation reconnue, un état de santé compatible avec l’exercice de la fonction ainsi qu’un casier judiciaire vierge. Après avoir obtenu ce droit de pratique, le même professionnel reste garant par ses actes devant le Conseil de santé du canton et peut être rappelé à l’ordre ou voir son autorisation retirée si sa pratique présente un quelconque risque pour les patients qu’il traite.
En dehors de ces deux activités que l’on peut qualifier de classique, chaque canton suisse a adapté la fonction à ses besoins. La plupart de mes collègues sont actifs dans la prévention et la promotion de la santé, que ce soit pour l’enfant en milieu scolaire ou l’adulte plus globalement. Une spécificité cantonale vaudoise est d’avoir rattaché au médecin cantonal la médecine du travail. Cette dernière d’une part s’occupe de la prévention des affections liées au travail, d’autre part assume le suivi des employés de l’administration vaudoise souffrant d’une affection persistante. Il s’agit d’un travail considérable, le canton étant avec plus de 20'000 personnes le premier employeur du canton.
Enfin, pour compléter cette liste un peu baroque, rappelons que le canton de Vaud a été l’un des premiers cantons à inscrire les droits du patient dans la loi sur la santé publique. Le droit à l’information, le droit à l’accès au dossier, le droit d’être accompagné, le droit de rédiger des directives anticipées, le refus des mesures de contraintes sont des droits aujourd’hui reconnus. La reconnaissance de ces droits entraîne de nombreuses questions, de la part des professionnels de la santé mais également de la part du citoyen. Le médecin cantonal avec la médiation santé est au centre de ce dispositif.
En résumé, beaucoup de tâches, un poste exposé, un travail finalement passionnant.
Dr Daniel Laufer, médecin cantonal