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Octobre 2017
Les médias, le pouvoir et les bonimenteurs
Auteur : Emilie Salamin-Amar

Les médias sont des pourvoyeurs d'infos. Il leur faut de la matière à se mettre sous la dent, et ce, tous les jours. Alors, comment faire lorsqu'il ne se passe pas grand-chose dans un pays pour alimenter le journal télévisé ou écrire des articles politiques? Certains journalistes ont leurs entrées, leur accréditation auprès des ministères. On pourrait dire qu'ils sont parfois les porte-parole de nos élus. Et lorsque aucune information officielle ne les alimente, il y a bien heureusement ce que l'on appelle des fuites. En attendant que l'info soit vérifiée ou démentie par le ministère incriminé, cela permet aux médias qui font l'actualité de remplir des plages d'informations incertaines et quelque peu relatives. Parfois, on prêche le faux pour savoir le vrai. Ce qui est ennuyeux dans cette manière de procéder, c'est que, finalement, on ne sait plus par qui nous sommes gouvernés. Est-ce les médias qui font l'opinion ou nos dirigeants politiques? Actuellement, en France, le nouveau gouvernement fraîchement élu est plus que discret. Aucune information ne filtre, alors les médias s'en donnent à cœur joie et font supposition sur supposition en attendant que le porte-parole de l'Elysée fasse sa déclaration officielle. Serait-ce le début d’une forme de censure?

Je crois au génie du peuple tant que les médias de masse ne l’abrutissent pas pour le transformer en masse abêtie.
– Michel Onfray

Par ailleurs, certaines rédactions préfèrent rédiger leurs articles en fonction d’un lecteur type, abstrait, mais qui oriente tout de même les choix rédactionnels. On écartera certains sujets sous prétexte qu’ils seraient trop anxiogènes, et l’on préférera traiter les informations en arguant le fait qu’elles répondent mieux aux attentes du lecteur. Etant donné, par ailleurs, que la quête publicitaire est de plus en plus ardue, on préférera s’adresser au lecteur dit moyen. Ce qui veut dire vous et moi, reste à savoir qui a décrété que nous étions moyens. Le manque financier généré par la publicité a transformé le métier de journaliste de terrain en fonctionnaire de la pige, et c’est ainsi que certains d’entre eux nous concoctent leurs articles sans bouger de leur bureau. Tous les thèmes «bateau» récurrents sont abordés de saison en saison, on pourrait dire que la presse ne se renouvelle pas. Si d’aventure vous feuilletez un magazine publié au printemps de n’importe quelle année, vous trouverez les mêmes articles, tels que les régimes minceur, les recettes de cuisine légères et colorées, des destinations soleil, etc…

Plus les médias sont en crise, et plus l’information est réduite à sa plus simple expression. L’information à moindre prix engendre une dégradation, pour ne pas dire un appauvrissement du contenu de l’information. Le lecteur cible, dit moyen, finit par se désintéresser de sa feuille de chou pour aller papillonner sur les sites dits sociaux. Le voilà qu’il doute, il ne croit plus à ce qui est imprimé à l’encre fraîche, et encore moins à ce qui sort de sa boîte à images. Des experts autoproclamés commentent l’info en ligne, analysent, décortiquent, et bien souvent démentent la véracité des faits. Puis en un clic, l’opinion du plus grand nombre devient virale, elle alimente les théories du complot. La désinformation se propage, et l’on ne sait plus à quel site se vouer.

Une mauvaise presse, un message officiel mal compris, ou mis en doute, peut faire basculer un pays dans le chaos, ou devenir un état totalitaire. N’oublions pas que les êtres humains sont influençables et que certaines personnalités politiques ou publiques excellent dans le choix du verbe fleuri. Ils savent charmer leurs électeurs, ou leurs lecteurs avec un mot, un slogan ou une affiche.

© Emilie Salamin-Amar
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