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Août 2014
Egalité pour les personnes porteuses d’un handicap: vraiment?
Auteur : Edith Samba

Un communiqué de presse de la Confédération datant du 27 juin dernier à propos de l’égalité pour les personnes atteintes d’un handicap, analyse l’évolution entre 2007 et 2012. En résumé, il est clairement dit que «les personnes concernées étaient sensiblement mieux formées mais davantage exposées au risque de pauvreté, leur participation sur le marché du travail et leur qualité de vie en général durablement basse, et la capacité à utiliser les transports publics toujours stagnante.» Brillant bilan.

Lorsqu’on écoute les réflexions du personnel associatif qui assiste les mêmes personnes, elles observent une recrudescence des demandes d’oppositions aux décisions de l’AI, une lente dégradation dans les prestations, et s’inquiètent de voir les adaptations architecturales qui ne sont réservées qu’à ceux qui ont de gros moyens. Par ailleurs, les rentes individuelles mises à disposition sont devenues tellement faibles par rapport aux besoins, que les personnes avec handicap sont obligées de s’adresser aux services sociaux. Ceux-ci, dans le canton de Neuchâtel en tout cas, ont baissé encore leurs prestations de 15%, annoncés par un ministre socialiste en mars 2014! A mes yeux, un des summums de la mesquinerie s’est révélé le jour où des économies ont été décrétées sur la gamelle des chiens d’aveugles.

Entre les lignes, on apprend que les offices AI se gardent bien d’attirer l’attention des personnes potentiellement en droit de faire une demande, obligeant les associations à fournir un énorme travail de communication, que les caisses de compensation calculent un revenu hypothétique, complètement virtuel, qui force les personnes concernées à se tourner vers l’aide sociale. Parmi de multiples effets pervers, on apprend que les proches qui arrêtent de travailler pour s’occuper de la personne porteuse d’un handicap se voient prétérités financièrement lorsqu’on doit se résoudre à installer celle-ci dans un home ou une structure adaptée – quand on en trouve une!

On ne peut passer sous silence qu’un certain nombre de diagnostics sont non reconnus ou retirés du catalogue des maladies invalidantes, comme la fibriomyalgie depuis 3 ans déjà. C’est le cas de multiples pathologies touchant les enfants, comme toutes les maladies dites «poly-dys»: dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, dyscalculie, dysgraphie, appelées aussi difficultés d’apprentissage, mais aussi troubles de l’attention (TDHA) et hyperactivité qui touchent quand même 4 à 6% de nos enfants. Toutes ces pathologies sont difficilement détectées par le milieu médical et scolaire. Parfois l’une ou l’autre est diagnostiquée, mais à part la ritaline pour les plus agités, peu de choses sont prévues. Il va sans dire que de nombreux cas sont multiples, ce qu’on appelle l’effet cocktail. Les causes actuellement reconnues sont d’ordre génétique mais surtout alimentaire. Les innombrables produits chimiques ingurgités par nos enfants dès les premiers petits pots sont inquiétants, et vous constaterez comme moi que la recherche et la presse ne semblent pas si pressées d’y travailler. Comme c’est étrange, quand on connaît les détenteurs des cordons de la bourse…

Il est aussi à noter que bien des personnes qui subissent un handicap se persuadent, en cheminant sur le parcours du combattant pour être reconnus, qu’ils sont moins bien traités que les migrants. A ce propos, je voudrais, si je puis dire, les «rassurer»: les services de la Confédération ne manifestent pas beaucoup de retenue pour maltraiter les migrants, et ne se gênent pas pour renvoyer des personnes traumatisées psychologiquement de façon avérée, dans des conditions parfois insupportables. Si je puis me permettre: les migrants sont renvoyés chez eux, et les helvètes à leurs chères études…

Bien entendu, je force le trait, à peine, pour ne pas pleurer. On trouve aussi quelques occasions d’espérer: des cas qui se règlent honnêtement, des politiques qui comprennent que des moyens mis au départ pourraient réduire la facture globale, quelques rames de trains ou de bus avec plancher abaissé, même si les CFF l’ont «oublié» lors de leur dernière commande. L’espoir au minimum vital, est-ce cela les critères d’une bonne gouvernance? C’est vrai que la souffrance infligée aux personnes atteintes et à leurs proches, comme double peine, ne compte pas dans le PIB national… Et rassurons-nous à bon compte: les pays voisins ne sont pas plus brillants.

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