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Octobre 2008
Brûlée vive, Souad

Brûlée vive - Document
Souad
Editions Oh!, 2003

Ce livre est proposé par une fidèle abonnée, en écho au thème «Maltraitances» du numéro 4.

Reléguée sans soins dans un hôpital de Cisjordanie où elle souffre le martyre, Souad, à peine consciente, accouche d’un fils né à sept mois, qu’on lui retire aussitôt.

Sans l’intervention de Jacqueline, assistante de Terre des Hommes, et sans l’aide d’un médecin palestinien, Souad serait morte de ses brûlures. Après de longues démarches de ses «sauveurs», celle qui n’avait connu que la cour clôturée de sa maison et le village où elle ne pouvait marcher que tête baissée, est transportée par avion avec son bébé pour être hospitalisée au CHUV, hôpital lausannois. Elle y sera soignée durant de longs mois. Elle n’a pas vingt ans.

Renaître en Occident, c’est oublier sa vie antérieure, tout en découvrant un monde étonnant. Que d’étapes à franchir! Donner son fils en adoption parce qu’elle ne se sent pas la force de l’élever normalement, trouver du travail, se marier à 30 ans, devenir mère…

De nombreuses années ont passé avant qu’elle accepte de parler de sa vie, à la demande de Jacqueline qui continue de sauver d’autres femmes d’une mort certaine. Elle tente alors de retrouver ses souvenirs enfouis dans une mémoire pleine d’ombres.

Comment résume-t-elle son enfance? «Je n’ai reçu qu’une seule éducation, celle de l’esclavage: peurs, sévices, travail sans répit, père cruel et toutpuissant, mère soumise, souvent battue aussi.» Un seul frère qu’elle adore et qui a toutes les libertés, dont celle d’aller en classe, au cinéma, en ville…

Très jeune, elle apprend qu’elle a été demandée en mariage… le rêve pour échapper à sa famille. Mais la démarche n’aboutit pas parce qu’elle est la cadette d’une soeur non encore mariée. Elle brave l’interdit, rencontre son amoureux, et c’est le drame.

Sur ordre du conseil de famille, les parents s’étant éloignés de la maison, son beau-frère l’asperge d’essence et lui met le feu. Elle parvient à escalader un talus pour se jeter dans une fontaine.

Ce témoignage douloureux, l’auteure désire l’offrir à ses soeurs victimes comme elle de la barbarie d’un droit coutumier encore en vigueur dans de nombreux pays: le crime d’honneur, sujet tabou s’il en est. Mais Souad espère surtout que ses deux filles adolescentes, et Marouan, ce fils retrouvé qui a maintenant 25 ans, comprendront mieux le pourquoi de ses nombreuses cicatrices. Dans le village perdu qui l’a vu naître, les femmes n’ont aucun droit et ne sont pas conscientes de leur situation. Découvrez le long chemin d’une miraculée qui devait mourir pour l’honneur de sa famille et de son village.

En complément, Jacqueline parle de la fondation «Surgir» qui tente de détourner les «lois des hommes» afin de faire reculer ces coutumes qui se transmettent aveuglément: plus de 6000 victimes chaque année dans le monde. Pour clore, une pensée de celle qui a osé négocier avec les parents de Souad afin qu’elle obtienne les papiers autorisant leur fille à émigrer: «Pauvres gens! Ne pas juger! Nous sommes tous l’objet d’une fatalité qui nous est propre!».

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