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Août 2008
Maltraitance à tous les étages
Auteur : Edith Samba

À propos des maltraitances, essentiellement domestiques et volontiers traitées dans la presse, le discours devient sensiblement plus flou lorsqu’on aborde celles d’Etat ou supranationales.

Il est frappant de constater, depuis quelque temps déjà, à quel point nos autorités cantonales, confédérales, européennes et mondiales, multiplient directement, ou par la bande, les directives pour abandonner le citoyen à la jungle du marché. De même, elles n’hésitent plus à brader les richesses laborieusement construites par la population grâce à ses contributions. Elles ne semblent pas avoir beaucoup de retenue pour taxer, ficher, pressurer, enfermer, d’autant plus lourdement que la personne se trouve en situation de faiblesse, qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs. Les arguments-massue, systématiquement avancés, sont de combattre les abus et les terrorismes de tout poil, de faire des économies dans les affaires publiques, des profits dans le privé.

À cet égard, les outils démocratiques, les mesures de protection de la sphère humaine, animale et/ ou végétale sont considérés comme autant d’obstacles à la si fameuse «liberté du commerce». Sous la pression d’organisations internationales auto-proclamées et d’entreprises multinationales, les diktats de la mondialisation soumettent tous les étages de la gouvernance à leurs règles, se moquant éperdument des dégâts collatéraux qui en découlent.

Ainsi l’ensemble des directives, patiemment et démocratiquement mises en place depuis des décennies, sont battues en brèche, vidées de leur sens. L’adoption en cours du principe du cassis de Dijon en est une parfaite illustration. Depuis la chute du mur de Berlin, ce système économique à composante mafieuse s’est installé dans l’espace laissé libre. Sans véritables contre-feux, il s’autorise à mentir effrontément, à polluer toute la chaîne du vivant et s’asseoir sur les rares décisions de justice prises à son encontre. Il a de surcroît la grossière prétention de faire croire qu’il va pouvoir proposer des solutions à ses dérives en temps et en heure… bel exemple de maltraitance mondialisée.

Et si tous les peuples exigeaient, comme l’a fait le Bhoutan, de voir leur niveau de vie mesuré à l’aune du concept de «bonheur national brut»? Avec l’école et des soins gratuits, une presse et une justice libres et incorruptibles, des conditions pour un équilibre psychologique de la population et un véritable respect pour la nature, cela aurait une autre allure que notre triste PNB. Parce que lorsqu’on apprend que les catastrophes, les maladies et les accidents sont intégrés dans les calculs comme autant de facteurs de croissance, on a confirmation sur les intentions de ces fâcheux décideurs…

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