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Février 2008
Définir d’abord la violence
Auteur : Jean-Paul Borel

L’article rédigé par Jean-Paul Borel introduit bien le problème de la violence et de la non-violence dans notre vie quotidienne. C’est la raison pour laquelle nous le transformons en éditorial, conscients qu’il suscitera l’intérêt et la réflexion de nos lecteurs.

L’unanimité s’établit assez rapidement en faveur de la non-violence. L’histoire a suffisamment mis en éveil le processus de la spirale de la violence pour que personne ne s’avise de prendre sa défense. Tout au plus pourrait-on imaginer des situations extrêmes, dans lesquelles il est nécessaire de recourir à la force brute. Il peut être utile de s’interroger, non pas tant sur les causes de la violence que sur son but.

Sous des formes apparemment très différentes, ce but se ramène au désir de changer autrui, son comportement, sa façon de penser. Plutôt que de se demander dans quels cas la fin peut justifier les moyens, il faut prendre conscience du fait que ce but lui-même est, dans sa structure, une violence.

Si j’estime que quelqu’un devrait agir et/ou penser autrement qu’il ne le fait – donc il devrait faire comme moi – je dois tout d’abord mettre en question mon point de vue, me dire que l’autre a une autre vision et, surtout, qu’il est le seul à connaître tous les paramètres de ses choix (sans parler de ceux qui seraient inconscients). Il a le droit de penser ce qu’il pense.

Il est des cas où je n’hésite pas, où je suis absolument certain que le comportement de X ou Y est mauvais, néfaste et que je dois lutter contre lui. Mais là encore, je dois me méfier de moi-même, de mes critères de jugement. Cela est particulièrement important dans les relations individuelles, qui sont celles qui nous concernent directement, et surtout sur lesquelles nous pouvons avoir une certaine influence.

J’essaie d’admettre que celui qui pense autrement que moi a peut-être tout autant raison que moi. «Autre», ne signifie pas nécessairement «mieux» ou «pire». Ce problème apparaît, entre autres, dans le domaine de l’éducation. Nous avons tendance à transmettre notre échelle de valeurs à nos descendants, plutôt que de les laisser faire leurs expériences et établir leur éthique de façon autonome. Souvent, nous faisons jouer une sorte de chantage à la tendresse: «Si tu fais cela, ça me fera beaucoup de peine». La tristesse manifestée peut être autant tyrannique que la fessée. La douceur, sous son aspect de non-violence, peut être terriblement violente. Ne l’oublions pas.

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