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Décembre 2007
Agressivité et délinquance juvénile: et si nous remontions aux sources ?
Auteur : Henri-Charles Tauxe

La délinquance juvénile est certainement l'une des réalités de notre société contemporaine les plus fréquemment évoquées, notamment à travers les médias. Ma principale source d'information a été un excellent ouvrage d'Olivier Guéniat qui travaille aujourd'hui comme chef de la police judiciaire du canton de Neuchâtel.

Le grand intérêt de la démarche d'Olivier Guéniat est d'être très proche des situations concrètes liées à la délinquance juvénile, tout en manifestant un grand intérêt pour les sources psychiques de comportements qui alarment souvent nos concitoyens, même si beaucoup d'entre eux ne sont pas concernés directement par l'agressivité des jeunes. Comme le relève Olivier Guéniat au début de son ouvrage, les statistiques et fichiers de la police nous montrent que les délits des jeunes en Suisse ne sont pas beaucoup plus élevés aujourd'hui qu'il y a une vingtaine d'années.

Olivier Guéniat le recommande, il est important d'étudier la délinquance des jeunes en tenant compte des genres d'actions qu'ils mettent en œuvre. On constate, d'une part, une diminution du nombre des délits mineurs dans le domaine du cambriolage. La situation est par contre beaucoup moins rassurante pour les vols avec violence, impliquant des lésions corporelles. Les infractions liées à la violence ont beaucoup plus augmenté que celles dirigées contre le patrimoine.

Une approche intéressante nous fait entrer dans les rapports de violence dans le domaine scolaire. Le nombre d'écoliers acteurs de démarches de violence ou victimisés a augmenté dans les années 1990-2000. Il s'agit surtout d'agressions à caractère sexuel, avec coups et blessures, menaces graves; sans oublier les homicides qui se déroulent surtout dans la sphère familiale.

Autre phénomène marquant dans le domaine de la criminalité juvénile, les attaques en bandes contre les homosexuels. Les agressions sont aussi fréquemment liées chez les jeunes à leur propre pulsion homosexuelle et ils n'hésiteront pas à se livrer à la débauche pour gagner de l'argent. Encore une réalité inquiétante, la criminalité liée aux stupéfiants avec des vols, brigandages, cambriolages dans les pharmacies à la recherche de ressources chimiques.

Devant de telles situations, Olivier Guéniat pense avec raison qu'il faudrait remonter aux origines des comportements agressifs et s'interroger sur la mise en œuvre de structures préventives dans les écoles et dans les familles. Comme il le relève très justement, les jeunes qui donnent dans la haine raciale souffrent souvent d'une vie intérieure marquée par une grande indigence culturelle, intellectuelle, ils ressentent aussi un manque de valorisation sociale. Olivier Guéniat insiste sur la démarche nécessaire d'aider les jeunes à combler en eux ce qu'il cerne très bien comme un «vide existentiel».

Pour conclure, je ferai la proposition suivante: si nous voulons comprendre et accompagner les jeunes délinquants dans leur cheminement, il est important que nous disposions de connaissances adéquates sur les composantes psycho-biologiques de l'agressivité. Dans cette perspective Henri Laborit nous propose une analyse très pertinente de la pulsion agressive, notamment dans son rapport à «l'inhibition de l'action». Comme le relève très justement le grand biologiste, «nous négocions notre instant présent avec tout notre acquis mémorisé inconscient».

Henri-Charles Tauxe, écrivain, psychanalyste

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