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Juin 2006
Le Dialogue, François Cheng
Lu par : Susanne Gerber

Le Dialogue
De François Cheng
Éditions Desclée de Brouwer
mai 2004

Un Chinois arrivé à l’âge de 19 ans à Paris et, comme on le dit au Québec, tombé en amour de la langue française, qui, 50 ans plus tard, est reçu membre de l’Académie française, ce n’est pas banal! Goûter avec lui la saveur de cette langue qu’il découvre, des sons qui le font rêver, des poètes dont il se sent proche, c’est un régal. Comme les peintres de son pays, ses courts poèmes, inspirés de la musique des mots, parleront de la nature: arbre – rocher – source – nuages.

En quelques lignes, il trace pour nous le chemin des anciennes traditions chinoises: les rivalités des Cent Ecoles au 5e siècle avant J.-C., puis la naissance du taoïsme au Sud et du confucianisme au Nord, ce dernier devenu doctrine de l’Etat, et du même coup sclérosé et rétréci. Incursions et occupations étrangères n’enrichirent pas les deux cultures fondamentales, seuls des moines chinois revenu des Indes au 4e siècle de notre ère renouvelèrent la pensée chinoise grâce à l’influence de ces sages devenus bouddhistes. Quant au dialogue avec l’Occident, c’est après les événements violents qui marquèrent le premier quart du 20e siècle que, dans les années 20, les étudiants chinois purent enfin découvrir des traductions de la littérature occidentale.

Ainsi, pour lui, les sociétés doivent s’ouvrir à d’autres cultures si elles veulent demeurer vivantes. «Sous peine de mourir, toute grande culture cherche d’instinct à se régénérer, à se métamorphoser. Personne ne risque de perdre son âme… L’âme, ce principe d’anima, est par définition sa capacité à lier et à se relier. D’expérience je sais: on ne peut connaître sa propre meilleure part que grâce à la connaissance de la meilleure part de l’autre…».

Ce fut pour lui un défi insensé de s’investir totalement dans notre langue, mais il le gagna de haute lutte. Et de citer Paul Valéry: «Saint langage, honneur des hommes ». Un magnifique témoignage sur la langue, cette spécificité humaine qui, tel l’outil des maîtres du feu, nous forge et nous construit.

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