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Sous le titre «Vents contraires», le professeur Hadrien Buclin vient de publier une étude très fouillée sur les luttes du Parti Socialiste Suisse de 1973 à 1995. Différemment de ceux qui se sont intéressés à ce sujet, Buclin se réfère aux procès-verbaux du comité central et à toute une littérature journalistique.
Il montre les interférences avec le monde syndical dont les responsables sont souvent actifs dans ce parti. Il met en évidence les difficultés dues au triomphe du néolibéralisme, aux crises économiques successives, aux exigences des militants issus du grand brassage de 1968, à l’arrogance des milieux financiers. Il ressort que ce parti est fondamentalement démocratique, qu’après Schmid et avant Levrat, les deux présidents Hubacher et Bodenmann ont tiré ce parti vers la gauche, mais sont restés très attachés à la participation de leurs membres aux exécutifs fédéraux, cantonaux et locaux.
Il rappelle à ce sujet le grand débat du 12 février 1984, où le congrès du PSS a discuté pendant 11 heures pour savoir s’il allait continuer à envoyer ses membres siéger au Conseil fédéral. En effet, peu avant, les Chambres avaient élu à ce poste l’un de ses représentants les plus consensuels, Otto Stich, contre la candidate socialiste désignée par le groupe du PS, Liliane Uchtenhagen. Cela avait créé un climat de révolte à la base du parti et nombreux étaient les socialistes qui demandaient une cure d’opposition. Revenir plus forts, voir majoritaires, après quelques années de combats hors de cette institution était leur ambition. De toute façon, ses représentants du PSS étaient obligés de soutenir les positions du collège, souvent contre les positions de leur propre parti.
La cohabitation de ces deux ailes dans ce PSS est un exercice d’équilibre constant jusqu’à la fin du 20e siècle. J’encourage tous ceux qui sont impliqués à un titre ou à un autre dans la défense des travailleurs et des travailleuses, des personnes âgées, des locataires ou de la simple justice sociale à lire ce livre passionnant, édité aux Éditions Livreo Alphil. Ce sera pour eux une manière d’approcher les difficultés de ceux qui les défendent et visent, même par de petits pas, à améliorer leur quotidien.
Pierre Aguet, Vevey