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Février 2022
Quelle énergie pour demain ?
Auteur : Edith Samba

En règle générale, à l’arrivée d’une nouvelle année, les bons voeux de santé, prospérité, et bons projets créatifs sont de rigueur. Quelque chose dit que nous allons en avoir un sérieux besoin. Aux grandes inquiétudes liées à la pandémie, au climat, aux blocages commerciaux viennent s’ajouter, pour faire bon poids, des risques de pénurie énergétique. Il faut bien reconnaître que la prise de conscience écologique fait prendre des décisions qui partent dans tous les sens, intéressants à bien des égards et qui ne brillent pas nécessairement par leurs cohérences.

Nous savons plus clairement que les cinq énergies renouvelables sont solaires, éoliennes, hydrauliques, biomasses et géothermiques. On pourrait y ajouter celle des marées (marémotrices) qui ne fait pas beaucoup parler d’elle, peut-être aussi la fusion plutôt que la fission. Pour chacune d’elles, des avantages et passablement d’inconvénients qui compromettent le vrai calcul de ses productions carbonées respectives et ses impacts environnementaux. Actuellement, pourtant, ce sont malgré tout le charbon et le nucléaire qui restent les principales sources auxquelles s’accrochent les pays producteurs, comme l’Allemagne et la Chine par exemple, dont dépendent une bonne partie des autres, sans parler du pétrole/gaz de schiste moyen-oriental, russe et américain.

Le cercle est particulièrement vicieux, puisque la demande augmente sans cesse, par la généralisation de l’informatique, les clouds, les voitures électriques et mille autres objets gourmands. On évalue approximativement la consommation d’énergie à son triplement d’ici 2050. La logique marchande de notre système veut que le prix final reste le principal critère qui importe et qu’ainsi les projets sont systématiquement monstrueux: à voir les terres agricoles arrachées des mains des paysans chinois pour poser des panneaux solaires sur des surfaces interminables, des forêts d’éoliennes en mer scandinave, entre autres. On entend un président voisin qui ne jure que par de nouvelles petites centrales nucléaires, alors que son pays vit dans une pagaille indescriptible entre les vieilles centrales fissurées, les nouvelles qui n’en finissent pas de se construire sur de nombreuses malfaçons, des budgets multipliés par 10, des moteurs de secours qui prennent feu: on ne peut que comprendre l’inquiétude que cela génère. D’autant que nous sommes tous interreliés.

Sachant que la Suisse est au carrefour de l’interconnectivité de la distribution de l’électricité en Europe, il est tout à fait dommageable, pour tout le monde, que nous n’arrivions toujours pas à nous mettre d’accord pour réactualiser nos relations avec nos voisins.

À y regarder de plus près, il semble que la multiplication de petits points de production soit préférable à des mégastructures plus destructrices les unes que les autres. Cela engendrera une décentralisation des réseaux et par conséquent sa complexification: un sujet en or pour l’intelligence artificielle. Une modeste surélévation des barrages existants, une meilleure valorisation de nos déchets tout en en réduisant le volume, la réduction drastique du plastique, un accès plus large aux achats en vrac, une relocalisation au niveau continental par exemple des productions stratégiques comme les cellules photovoltaïques, les puces électroniques, les médicaments, bref c’est à tous les échelons que nous devons travailler, au niveau individuel, local, régional, national et international.

Vu l’esprit de compétition généralisé, installé par la logique marchande, le défi n’en est que plus lourd et délicat. La multiplication des productions à l’échelle mondiale pour un seul objet, pour mieux maximaliser l’outil de production et le niveau de maltraitance du personnel, toujours sur le seul critère du prix, est une méthode qui, immanquablement, va devoir être transformée. Au vu de la concentration des pouvoirs, ma créativité est soumise à rude épreuve. Je ne vois pour ma part que la coopération des intelligences, leur indépendance aux pressions des pouvoirs, un altruisme à tous les étages pour embarquer le monde vers une voie plus bienveillante et raisonnable. Tels sont mes voeux pour la nouvelle année 2022 et que vive l’Utopie.

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