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Octobre 2021
Cent fois merci à Susanne Gerber
Auteur : Rémy Cosandey

Le 11 août dernier, Susanne Gerber a fêté son centième anniversaire. En raison de son âge, elle ne peut plus venir aux séances du comité rédactionnel de l’essor. C’est la raison pour laquelle nous l’avons nommée membre d’honneur. Pendant plus de vingt ans, j’ai fait avec elle le voyage entre La Chaux-de-Fonds et Yverdon-les-Bains. Au cours des nombreux entretiens que nous avons eus, elle m’a souvent déclaré avoir été marquée par l’exemple de Pierre Ceresole, Pierre Rahbi et Gandhi. C’est à ces trois adeptes de la non-violence que nous avons emprunté des citations.

Cette page n’est pas une rubrique nécrologique et nous souhaitons à Susanne de pouvoir profiter de la vie encore de nombreuses années. En guise de remerciements pour tout ce qu’elle a donné à l’essor, nous voulons cependant rappeler les principales étapes de sa vie. Nous avons pu compter sur la collaboration de son fils François qui nous a prêté un intéressant cahier dans lequel Susanne a consigné les principales étapes de son existence.

C’est à Saint-Imier que notre amie est née dans une famille unie qui faisait une lecture quotidienne de la Bible. Dès son jeune âge, elle a manifesté un goût très prononcé pour la lecture. Avec l’argent de sa tirelire, elle a acheté L’Iliade et l’Odyssée. Puis ce fut l’École Normale à Delémont et le décès, beaucoup trop tôt, de sa maman en 1937. Malgré la guerre, elle se sentait protégée dans cette école où se mêlaient études et loisirs.

Les places étaient rares pour les nouvelles diplômées de 1941, qui étaient élues par un verdict populaire et avec des appuis politiques. De 1947 à 1954 s’écoulèrent sept ans d’enseignement à Saint-Imier: français, allemand, géographie, même mathématiques et surtout chant dans toutes les classes. À ne pas oublier non plus cette «mise en fiche» en 1951 au retour du «Festival de la Jeunesse» à Berlin-Est: le désir de découvrir par ses propres yeux les réalisations du monde, ce n’est pas toujours apprécié.

Cette idée de vouloir faire triompher la justice par la violence paraîtra un jour aussi bête et fausse que nous paraît la torture pour savoir la vérité. Pierre Ceresole, Vivre sa vérité

Grâce au service civil

En 1947, Susanne fait son baptême de l’air à l’aéroport de Courtelary. Dans les années cinquante, elle collabore au service civil en Belgique et en Autriche. C’est dans une assemblée de civilistes à Berne qu’elle rencontre Roger, avec qui elle se mariera en 1954.

Après une installation à Prilly, la direction du «Nid» de Romainmôtier, un déménagement à Gingins puis à Villeret, c’est enfin la destination finale à La Chaux-de-Fonds. Comme elle le dit: «Cette haute ville d’Europe, à la fois froide et chaleureuse». En 1968, construction d’une maison avec des amis à la rue de la Prairie, au-dessus de la ville. Entre-temps, trois enfants sont nés: André en 1955 (qui devait malheureusement décéder en 1982), François en 1957 et une fille, Claude en 1960.

Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. De tous les animaux terrifiés, seul le petit colibri s’active et crache sur le feu. Agacé, le tatou, lui dit «Colibri! Cela ne sert à rien!» «Je sais, mais je fais ma part.» Pierre Rahbi

Engagement pour la paix

Marquée toute jeune par les visions du prophète Esaïe, Susanne voyait les hommes forger des socs de leurs épées et les nations se réconcilier. Et c’est avec les Femmes pour la Paix et le Progrès qu’elle participa, en 1955, au Congrès mondial des mères à Lausanne.

Outre son travail dans l’enseignement, elle avait aussi d’autres passions; le jardin, la musique, l’écologie, les voyages, les amis proches ou lointains, l’espéranto. Mais surtout, nourriture essentielle, les mille et une lectures, en particulier au sein d’un très cher groupe d’amies et la joie d’en partager les notes importantes aux lecteurs de l’essor. Pourquoi tant de lectures? «Pour se sentir par la pensée et par le cœur relié aux hommes de la Terre et à l’Universel.»

Appeler les femmes le «sexe faible» est une diffamation; c'est l'injustice de l'homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l'humanité, l'avenir appartient aux femmes. Gandhi

Compagnonnage avec l’essor

Pendant de nombreuses années, Susanne Gerber a fait partie du comité rédactionnel de l’essor. Elle y est entrée parce qu’elle connaissait bien Edmond Privat. Dès les années quatre-vingt, elle a collaboré avec les responsables qui se sont succédés: Ariane Schmitt, Jean-Louis Cornu, Alain Simonin et le soussigné.

Dans la brochure éditée en 2005 à l’occasion du centenaire du journal, elle exprimait ses sentiments: «Ma participation à l’essor, c’est la joie de faire partie d’une équipe qui ne renonce pas à aller de l’avant malgré les difficultés, tout en partageant mes découvertes de lectrice et parfois mes réflexions personnelles sur des sujets qui me touchent particulièrement. Je ressens notre «comité» comme un groupe de fourmis pleines de courage, qui transportent des parcelles d’un monde à créer, parcelles plus lourdes qu’elles, mais indispensables pour continuer à débroussailler le chemin d’un «présent-futur».

Rémy Cosandey

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