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Octobre 2021
Le chaton et l’enfant
Auteur : Margaret Zinder

Récemment, je me suis trouvée, avec quelques autres adultes, observatrice involontaire d’une relation ludique entre un jeune chat d’environ trois mois et un garçonnet de trois-quatre ans. J’ai essayé de transcrire cette relation particulière qui a accaparé ses témoins, au point que nous n’avons pu nous en détacher.

Cette relation est apparue sous une forme de danse caractérisée par les postures et les gestes des deux protagonistes.

L’enfant se mettait à quatre pattes et c’est comme si le chaton reconnaissait, à travers cette posture la sienne propre; on voyait qu’il fixait l’enfant dans son apparition, c’est-à-dire la présentation de son corps telle qu’elle lui apparaissait. Si le garçonnet se redressait, le chaton se mettait brièvement sur son séant et tentait de lancer l’une de ses pattes avant en direction de l’enfant. Puis, c’est le chat qui s’éloignait en sautillant, tout en conservant sa visée de l’enfant. Alors l’enfant se mettait à poursuivre le chaton à quatre pattes. Celui-ci adoptait la posture typique des chats devant un adversaire potentiel: il plaçait son corps de biais et gonflait son poil. Mais, en l’occurrence, il s’agissait clairement d’un jeu.

Quand le jeune enfant avait rejoint le chat, ils reprenaient tous deux leur danse corporelle.

De cette parfaite interaction de gestes et de mouvements, naissait ce qui est apparu aux témoins comme une complicité, laquelle fut ressentie, par moi en tout cas, comme une reconnaissance d’appartenir au même groupe de semblables. L’enfant et le chaton étaient intimement unis dans une appartenance fondamentale. Ils étaient liés et se rattachaient à la même source de vivance.

Le spectacle de ces deux êtres entraînait les témoins dans un lien fort et mystérieux dans lequel ils se sentaient à leur tour impliqués, mais duquel ils se sentaient aussi exclus; impliqués parce que partie prenante de cette entente au-delà des genres et exclus parce que spectateurs extérieurs d’un accord profond et harmonieux entre deux êtres qui vivaient momentanément l’un pour l’autre.

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