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Être à la retraite signifie souvent choisir ou subir la solitude, celle bien connue de ceux qui, au fil du temps, ont relâché des liens avec des proches ou ont perdu leurs forces physiques. Une solitude que ne compensent guère les publicités qui encombrent les boîtes aux lettres ou Facebook et autres réseaux dits sociaux, emblèmes de la monétisation du lien social. Insensiblement la solitude peut devenir isolement, aussi glacial que le Pôle Nord.
«La solitude, ça n’existe pas» chantait Gilbert Bécaud. Les retraités ont le sentiment pourtant d’avoir enrichi leur perception de la solitude durant la crise du coronavirus! Après un moment de stupeur, l’essentiel a primé: manger, se soigner, parler, avoir le souci de l’autre et des autres.
Car les humains sont faits pour vivre ensemble. Les Irlandais ne disent-ils pas: «Mieux vaut une dispute que la solitude»? Les spécialistes du «bien vieillir» peuvent certes donner des conseils précieux aux retraités comme manger cinq fruits et légumes par jour, consommer des Omega 3, ne pas dédaigner un carré de chocolat noir et s’accorder une promenade quotidienne. Tout cela est très bien. Mais les rencontres chaleureuses, les acquisitions de connaissances nouvelles, les sorties joyeuses, la solidarité et le sens Dans l’actualité de la solitude du bien commun, c’est ce qui fonde le bonheur humain et le lien social. Un véritable antidote efficace à la solitude et à l’isolement, ce que savent si bien les associations qui défendent les droits des retraités comme l’AVIVO.
Mais comment faire alors qu’actuellement les personnes à risques et les retraités sont priés de minimiser leurs sorties? Les sociologues dénoncent la montée de l’individualisme et le jeunisme triomphant, des politiciens clament que seule compte la responsabilité individuelle. Et voilà que presque sans bruit, sans mot d’ordre, sans directives, une incroyable solidarité s’est mise en place: aide pour les courses, échanges de recettes et d’astuces, chaînes téléphoniques, distribution de repas, mini rencontres, petits mots d’encouragements, des enfants envoient des dessins, les aînés diffusent des photos… En peu de jours, la créativité a été titillée, le lien social s’est enrichi et même développé entre les générations. Le choc et la peur ont fortifié le besoin de sécurité. Pour beaucoup, le rôle de l’Etat devient évident et rassurant. Le besoin d’un service public de qualité, le rôle indispensable d’hôpitaux solides et fiables sont de plus en plus perçus comme incontournables.
Une terrible pauvreté est apparue en plein jour, la situation si fragile des hôtes des EMS privés de visites et manquant de personnel bien formé a ouvert les yeux sur des réalités sociales dans l’un des pays les plus riches du monde.
Comment vouloir dès lors recommencer sans tarder «comme avant»? Avec ceux qui annoncent baisses de salaires et de prestations, avec ceux qui font mine d’ignorer que c’est folie de vouloir corriger une crise en laissant s’en occuper ceux qui l’ont créée?
La solitude imposée fut un révélateur stimulant d’initiatives créatives. Une évidence aussi du besoin essentiel de changements. Pour voir enfin la création d’un contrat social solidaire valable du berceau à la mort.