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Voilà, le peuple a choisi ses représentants au Parlement fédéral, la démocratie a fonctionné et tout va bien dans le meilleur des mondes. Nous ne regretterons pas le Conseil national 2015-2019 qui n’a strictement rien fait ou, plutôt, qui a tout bloqué au nom d’un rigide libéralisme conservateur, maintenant sans vergogne le pays dans l’impéritie la plus absurde qui soit. Le prochain Conseil national, s’il sera moins droitier sera aussi moins gaucher. La nouvelle répartition offre tout pouvoir au centre de l’échiquier et le PDC, promis à une éternelle chute, jouera, flanqué des Verts-libéraux, un rôle prépondérant, formant, au gré des sujets, des majorités tantôt conservatrices, tantôt progressistes.
Le succès des Verts recentre le Conseil sans priver la droite d’une majorité de fait. La droite sera peut-être un peu moins arrogante et devra mettre du liant dans son indigeste potion. La Suisse retrouve le consensus qui lui va si bien. Mais, à force de centrisme, il est possible que le prochain Conseil soit condamné au blocage permanent. Attendons de voir si les nouvelles conseillères et nouveaux conseillers sauront prendre la mesure de ces blocages et s’ils et elles sauront se dégager des dogmes de la sacro-sainte économie enfermée dans ses coffres voués à l’adoration aveugle du veau d’or.
Il reste que si l’UDC a perdu quelques sièges, le parti xénophobe, plus nationaliste que patriotique, plus à droite qu’au centre, demeure le premier parti du pays. On ne saurait en tirer la moindre fierté, d’autant plus que le PS a lui aussi perdu des sièges. On m’objectera que nombre de socialistes auront glissé du vert dans leur rouge, ceci expliquant en partie cela. Mais ça ne doit pas cacher la réalité. Il y a gros à parier que le PS paie la facture de ses inutiles compromissions, consenties lors des dernières années, au conservatisme néolibéral. Le PS a souvent oublié qu’il était à gauche et nous savons tous ce que ces oublis ont coûté aux socialistes français, à la gauche allemande, entre autres tendances progressistes européennes. Le consensus, c’est très bien, mais c’est mou. François Mitterand appelait le centre la droite molle.
Il est essentiel que le PS réfléchisse à son passé récent et à son positionnement futur. Si au terme de cet examen de conscience, il apparaît que notre gouvernement poursuit son chemin de soumission à l’économie des dividendes au lieu de s’occuper du bien-être de la population, il faudra bien finir par en tirer les conséquences. Soit, avec l’appui des Verts, le PS exige et obtient une orientation clairement plus sociale, soit notre pays continuera dans cette molle indifférence qui conduit inexorablement à une médecine à deux vitesses, une augmentation de l’écart entre riches et pauvres, j’en passe et de bien pires. Il faudra alors sortir du doux cocon de la formule magique.
Notons que cette fameuse formule magique a été habilement bricolée lors de la fusion des radicaux avec les libéraux, en oubliant que ces derniers ne faisaient pas partie de la formule magique. Depuis, les libéraux ont pris l’ascendant sur les radicaux au sein du PLR siégeant à Berne, et voilà que la formule magique a miraculeusement glissé à droite. Aujourd’hui, le vieux grand Parti Radical a fondu comme un glacier alpin et il ne reste plus grand chose des radicaux sociaux. Le PLR n’hésite plus à se trahir, poursuivant, par simple haine dogmatique de la gauche, ses alliances indécentes avec l’UDC tout comme le PS a trahi la gauche en cautionnant avec zèle des politiques bien marquées à droite. Le vote d’octobre 2019 a sanctionné tous les partis gouvernementaux. Serait-ce là une petite incitation à la méditation et à la remise en question? Osons le penser.
Le Peuple a parlé; même s’il est davantage resté muet qu’il ne se soit exprimé, nous nous contenterons donc des 45,1% qui ont daigné donner leur avis. Souhaitons que le nouveau parlement travaille mieux que l’assemblée précédente. Et surtout qu’il n’oublie pas que l’environnement c’est bien, mais que sans politique sociale, sans investissements massifs dans l’économie environnementale, sans courage et sans changement de vista, nous ne sauverons ni climat, ni environnement, ni ne préserverons la population de la précarité, pas plus que nous ne maintiendrons un niveau de vie décent pour les uns et les autres. La Suisse doit changer de paradigme et ouvrir les yeux sur un monde nouveau qui, que nous le voulions ou pas, va changer. Comme disait le Général De Gaulle, il ne sert à rien de sauter sur sa chaise comme un cabri en répétant le climat, le climat, le climat. Il faut passer aux actes en commençant par arrêter l’adoration du veau d’or, moins taxer le travail et prélever l’impôt auprès des véritables profits.
Les parlementaires fraîchement élus pourront alors montrer de quoi est capable notre pays. Ooops, va falloir que je m’réveille…
Citations du philosophe Dominique Bourg (conférence au Club 44 de La Chaux-de-Fonds) :
• Le Marché est comme l’Église catholique de l’époque: il dépasse les États.
• L’État peut assurer un travail de rééquilibrage entre les riches et les pauvres.