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Oui, je sais, ça a l’air choquant, et ça l’est! Pour autant c’est une réalité qui touche toutes les personnes retraitées. Riches ou pauvres, tous s’en vont, de préférence au soleil, en Espagne, au Portugal, en Thaïlande, en Corse, en Provence, histoire de pouvoir vivre un peu mieux qu’ici. L’îlot de cherté suisse ne tient pas ses promesses. S’il est vrai qu’on trouve ici de bons salaires, parmi les plus hauts d’Europe, voire du monde, il est non moins vrai que ça ne sert à rien, car tout ici est beaucoup trop cher.
Les couples qui travaillent tous deux bénéficient d’un niveau de vie certes très agréable, mais ils ont de la peine à maintenir la tête hors de l’eau. La plupart des gens ici vivent bien mais sont perpétuellement à la fin du mois. Ce cercle, si peu vertueux, conduit ce pays vers des excès qui n’auront pas de fin. On ne résoudra pas ce problème dans ces colonnes, enfin pas maintenant. En revanche, tout cela pèse sur les retraités. Qu’ils soient richement dotés d’un deuxième pilier, encore avantageux, ou qu’ils ne disposent que d’une minçolette AVS, la réalité montre qu’il est très difficile de survivre dans la trop riche et trop chère Suisse.
Et, sauf à vivre dans un environnement campagnard (et encore, ça ne garantit plus vraiment des prix bas, notamment pour les loyers), de nombreux retraités s’en vont finir leurs vies dans des endroits où l’on vit à bien meilleur compte. D’ici quelques années, compte tenu des performances – très au-dessous des promesses néo-libérales – à l’origine de la création du deuxième pilier, nombreux seront «ces vieux» qui s’en iront vivre au soleil en quittant notre pays. La Suisse n’en veut plus, l’UDC s’y emploie avec l’ardeur qui la caractérise en proposant la suppression des aides à celles et ceux qui ont perdu leur deuxième pilier dans quelque aventure financière malheureuse. Il faut que l’on m’explique pourquoi dans ce pays si riche, cette AVS est si miséreuse et ne permet pas à ses bénéficiaires de vivre décemment?
J’ai tout à fait conscience que, face aux désordres mondiaux, ce que j’évoque là peut paraître dérisoire, voire même un peu futile. Mais, à y regarder de plus près, ça symbolise la signature d’une civilisation impuissante en train de sombrer dans l’impéritie. Nous avons cette impression bizarre que nos gouvernants passent leur temps à se tromper.
Veut-on réduire les méfaits de la malbouffe, que l’on protège aussitôt l’industrie agro-alimentaire. Veut-on dépolluer l’environnement, et hop-là, voilà que l’on prolonge la vie de vieilles centrales nucléaires. Veut-on débarrasser l’agriculture de ses pesticides, herbicides et autres assassins chimiques, pour que sur-le-champ on en prolonge l’autorisation d’utilisation. Veut-on un peu plus de solidarité dans le monde, avec les réfugiés (et non pas les migrants), avec les plus défavorisés, avec les chômeurs, etc., qu’à l’instant même s’affirment les dogmes néo-libéraux et autres idéologies nationalistes étroites et qu’ils serrent, au contraire, la vis.
Veut-on se souvenir que nous sommes des être humains pour que tout de suite, on augmente partout les budgets – dits improprement – de la défense. Veut-on vivre en bonne harmonie avec nos voisins que dès que possible, on érige des murs, on multiplie les tracas, et l’on cultive la haine. Contradiction suprême, nous vivons dans un monde où les «grands» se permettent toutes les outrances alors que tout ou presque est interdit au citoyen. Pourquoi n’apprend-on jamais de nos erreurs? Pourquoi l’histoire est de moins en moins enseignée? Pourquoi le mensonge est devenu la règle en politique? Pourquoi seul le fric fait la loi?
Bref, vous voyez que tout est lié et que si nous ne mettons pas un terme rapide à cette course au dérèglement, notre civilisation, bien au contraire de ce que les tenants du «libéralisme» économique prétendent, file tout droit vers son appauvrissement. L’accroissement des richesses est un leurre car il n’est que virtuel. En réalité on augmente la masse financière sans augmenter la richesse réelle du monde. Certes, il y a plus d’argent qu’avant mais il vaut de moins en moins.
La Suisse, qui se veut une île au milieu même de cette Europe qui s’est rendue détestable à force de vouloir régler la taille du trou des tubes de mayonnaise, n’échappe malheureusement pas à cette rude économie qui broie la pâte humaine comme le boulanger pétrit la sienne, artificiellement gavée de gluten pour que ça gonfle davantage. A l’heure de la retraite, beaucoup de Suisses se demandent s’il faut «émigrer» ou non, et ce pour des raisons purement économiques. Tiens, tiens, bizarre n’est-ce-pas!