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Octobre 2018
Vous prendrez bien encore un peu de bœuf?
Auteur : Emilie Salamin-Amar

Alors qu’en Europe, nous consommons de moins en moins de viande, les Chinois, par contre, en sont de plus en plus friands. Les habitants de ce pays pourront enfin se régaler de bœuf aux champignons parfumés et basilic, de bœuf à la sauce d’huîtres, de bœuf aux 5 parfums, de bœuf sauce piquante, de bœuf aigre-doux, de bœuf frit et autres plats biens de chez eux. Heureux seront les Chinois qui mangeront à satiété leurs mets préférés. La Chine a enfin levé son embargo. Victoire! Effectivement, le 25 juin 2018, le Premier-ministre français, Edouard Philippe, et son homologue chinois Li Keqiang ont conclu un accord inespéré pour la filière bovine française. Interdit en Chine depuis 2001, le bœuf français pourra de nouveau être commercialisé.

Frottons-nous les mains, se disent certains exportateurs et gros agriculteurs, les Chinois mangeront du bœuf et nous, nous ferons notre beurre. Voilà près de 17 ans que les exportations de viande bovine ont été interrompues suite à la crise de la vache folle. Finie la peur du prion, oubliée la manière dont ces animaux ont été nourris. Ce qui importe à présent, c’est de se faire du blé. Imaginez les perspectives de ce marché en or, il ne s’agit pas de livrer quelques côtes de bœuf, ou autres entrecôtes persillées, non, c’est le marché du siècle, 30.000 tonnes par an, il s’agit là d’un contrat inespéré. C’est une date historique, s’est félicité le président de la filière bovine française, Monsieur Dominique Langlois. La France espère pouvoir livrer son bœuf bien au-delà de ce tonnage sachant que 14 pays exportent déjà vers ce pays pour 1,5 million de tonnes de viande bovine par an.

Mais, tous ces bœufs, il faudra bien les élever dans quel genre de ferme, celle des 1000 vaches? Non, ce sera bien trop petit! Va-t-on construire de nouvelles fermes pour y entasser 2000, 5000 têtes de bétail? Et pour les nourrir, faudra cultiver les champs. Bonjour la pollution! Compte tenu du fait que la culture est de plus en plus intensive, productivité oblige, l’utilisation de produits phytosanitaires est pratiquement systématique pour obtenir un bon rendement, il y a donc de grandes chances qu’au final, les sols et les cours d’eau, ainsi que les nappes phréatiques soient pollués. Mais, qu’importe, puisque l’on va se faire du blé!

Cette histoire «vache» est une aberration! Pendant que certains profiteront de cet immense marché qui sent le fumier, les terres seront occupées à grande échelle par de la culture fourragère au détriment d’autres aliments pour nourrir les êtres humains. Ils sont malins ces Chinois, polluez vos terres, occupez vos sols pour nous nourrir, et surtout… gardez vos déchets et autres carcasses. Chez nous, le bœuf est roi, c’est un met de choix! Le bœuf de France n’a pas son pareil! Et nous, nous avons faim!

Mais, j’y pense, faudra construire de nouveaux abattoirs! Question: avec ou sans caméras?

© Emilie Salamin-Amar
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